LE CULTE DES JUMEAUX DANS LE VAUDOU

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Impossible de passer outre cette notion dès plus importante si il nous est donné de vouloir présenter Vodou au profane.

 

Les jumeaux (Marassa) vivants et morts sont investis d’un pouvoir surnaturel qui fait d’eux des êtres d’exception. Dans le panthéon vaudou, une place privilégiée leur est réservées à côté des grands mystères.. D’aucuns prétendent même que les marassa sont plus puissants que les Lwa. Ils sont invoqués et salués au début d’une cérémonie, tout de suite après Legba; en certaine régions, à Léogâne notamment, ils ont la préséance sur cette divinité.

Toute famille qui compte des jumeaux parmi les siens ou dans une de ses lignée ancestrales doit, sous peine de châtiment, leur faire des offrandes et des sacrifices. Parfois, une famille frappée par une succession de malheurs apprend de la bouche d’un houngan qu’elle est punie pour avoir négligé les marassa appartenant à sa lointaine parenté, “au temps de la Guinée”. On considère aussi comme marassa l’enfant qui naît avec les doigts adhérents, signe auquel on reconnait qu’il a mangé son frère dans le sein maternel.

Les jumeaux morts sont divinisés et leurs esprits sont d’autant plus redoutables qu’ils ont la réputation d’être – à l’égal des jumeaux vivants – emportés, violents et d’une extrême susceptibilité. Il existe un lien entre les marassa et la pluie. Ils en président la venue et peuvent même la hâter si on réussit à se les concilier par des offrandes. Les jumeaux sont représentés par des images de Côme et Damien, les jumeaux martyrs. Saint Nicolas (qui a ressuscité les trois enfants que le méchant boucher avait mis au saloir) passe pour être leur père, et Sainte Claire, leur mère. Pour obtenir une faveur des Marassa, il convient de s’adresser à Saint Nicolas, la face tournée vers le levant.

Tout comme les Lwa, les marassa appartiennent à différentes Nanchon (Nations). Il y a donc des Marassa Guinen, Dahomey, Nago, Ibo, Congo, Anmine, etc. On appelle “Marassa créoles” ceux qui sont nés en Haïti. Parmi les différentes catégories de marassa, certaines jouissent d’un prestige particulier en vertu de leur étroite association avec les esprit petro qui leur confèrent un certain pouvoir maléfique: ce sont les Marassa Bois. Leur culte diffère de celui des autres Marassa: la nourriture qui leur est destinée est emportée dans les bois et déposée sur les branches d’un arbre. À cette liste déjà longue, il faudrait ajouter, selon Odette Menesson-Rigaud, les Marassa blancs et les Marassa Giro qui seraient des jumeaux morts sans baptême.

Les possessions attribuées aux Marassa sont rares. Ceux dont ils s’emparent se conduisent en petits enfants “autoritaires et capricieux”. Ils se roulent à terre, se relèvent, marchent d’un pas hésitant et réclament de la nourriture.

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marassa

L’enfant qui dans l’ordre des naissances, suit immédiatement les jumeaux – le Dossou si c’est un garçon, la Dossa si c’est une fille – unit en sa seule personne la puissance des deux et possède donc un pouvoir plus étendu que le leur. “Le Dossou est plus fort que les Marassa, plus fort que les Lwa”.

C’est pourquoi il est traité avec le plus grand respect et, lors de la présentation des offrandes, passe avant les jumeaux. Par contre, l’enfant qui est né avant ces derniers – le Choukèt ou Dossou avant – jouit de peu de considération. On dit cependant de lui qu’il a “entrainé les jumeaux derrière lui” (Dosu dévâ ralé marasa dévâ)

La présence de jumeaux dans un famille oblige ses membres à des égards constants et mille précautions. Il suffit de peu de choses pour qu’un jumeau se tourne contre ses parents et que, selon son habitude, il les “saisisse” au ventre, c’est à dire leur inflige des troubles intestinaux graves. Il est vrai que les jumeaux acceptent d’être punis pour une faute qu’ils ont réellement commise, mais ils se vengent cruellement s’ils se croient injustement traités.

Une fois par an, le jour des Rois, le samedi Saint ou à la Noël, la famille qui compte des Marassa vivants ou morts est obligée, sous peine de “châtiment”, de leur offrir un “manger marassa”. Ce sacrifice est du type habituel, aussi n’en retiendrons-nous que les particularités saillantes. Quand un Houmfô de quelques importance rend hommage à tous les jumeaux qui y sont vénérés, le nombre des plats Marassa groupés par nanchon sous le peristyle peut atteindre facilement une cinquantaine. On y dépose le sang des victimes et les offrandes de nourriture. On sacrifie aux Marassa un cabri de robe brune et des poules “peintelées”. La distribution des offrandes, confiée à une mambo, doit être rigoureusement équitable pour ne pas exciter les jalousies de ce petit peuple susceptible. Les tabous propres à chaque catégorie de jumeaux sont scrupuleusement observés. Ils sont de diverses sortes: certains jumeaux ne mangent pas de tels mets, d’autres veulent que leur plat repose sur une feuille de bananier ou sur une natte. ILs ne peuvent souffrir la vue de couteaux, de fourchettes ou de cuillers. Tout manquement à un interdit risque de les offenser et, dans leur légèreté enfantine, ils exercent des vengeances cruelles et souvent disproportionnées à la faute. Les légumes leur sont interdits par crainte, paraît-il, qu’ils ne “gâtent leur puissance”. Les offrandes de nourriture sont enterrées dans trois trous creusés à proximité du sanctuaire – ou de la maison familiale, si la fête y a été célébrée.

img_0525Le repas des jumeaux se termine par le même rite que celui qui, parfois, clôt les fêtes pour les morts. Le reste des offrandes sont mélangés dans une grande calebasse ou une bassine de bois. Un hounsi fait trois fois le tour du péristyle, puis, après avoir à trois reprises montré aux enfants présents le récipient  qu’elle porte sur la tête et leur avoir demandé s’ils étaient contents, l’abandonne à leur gourmandise.  Ceux-ci se jettent sur cette pitance comme une volée d’oiseaux et s’en disputent le contenu. On leur enjoint cependant de ne pas briser les os avec les dents.

Si le repas est préparé pour des jumeaux vivants, ceux-ci sont naturellement les premiers à manger et c’est seulement lorsqu’ils sont rassasiés qu’ils offrent les restes aux invités; on les acclame et on ne cesse de leur demander qu’ils sont satisfaits. Cette inquiétude relative aux sentiments des jumeaux se fait jour dans un chant entonné à cette occasion.

Alfred Métraux

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