CHAMANES, “ESPRITS” ET IMAGERIE MENTALE

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Le psychologue clinique américain Richard Noll trouve de l’imagerie mentale à l’interface du chamanisme et de la science. Noll essaie de définir les “esprits” comme de l’imagerie mentale et le chamanisme comme la technique de la contrôler.

Sans pouvoir adhérer à l’ensemble de cette thèse, il est de bon ton de mettre en avant la pertinence de son fondement:

Alors, que sont “les esprits”? Dans toutes les cultures, on les décrit de manière  subjective comme étant des forces trans-personnelles nous animant ou nous traversant, mais échappant presque toujours à notre contrôle. Ce qui signifie que ces forces ou actions (le plus souvent) personnifiées sont des entités autonomes possédant leur propre programmation. À l’état de veille ordinaire, on ne peut généralement pas les contacter ni les faire travailler, alors qu’en état altéré de conscience, on peut les voir distinctement. Le rêve constitue l’état altéré de conscience où ils apparaissent le plus couramment (…)

Les esprits font incontestablement partie de la “réalité vécue” de l’humanité et, sans tenir compte de ce que peut bien être leur “réalité ultime”, ils représentent à travers toutes les cultures les forces de transformation susceptibles de favoriser le développement ou d’infliger la maladie ou même la mort. Ainsi, ils sont de par leur nature intrinsèque à la fois bénéfiques et malveillants, amicaux et trompeurs, guérisseurs et destructeurs, créateurs de la vie et serviteurs de la mort. Rechercher volontairement ces pouvoirs de transformation, comme le fait le chaman, amène à entrer intimement en contact avec les secrets de l’existence. Ouvrir son âme à ces forces duelles revient par conséquent à se transformer soi-même. Dès lors on peut voir les “esprits” comme du “non-moi” pour initier l’individu à de nouvelles connaissances inaccessibles en état de conscience ordinaire.

Le chaman provoque volontairement ces états altérés appelés “extases”, “transes” ou “visions”, afin de contacter et de manipuler les esprits pour des raisons précises. Il est donc connu comme étant un “maitre de la transe”, un “maitre des esprits”. Les esprits sont utilisés pour induire les changements dans le chaman lui-même, ou dans les autres (cas d’une guérison), ou bien encore pour modifier ou obtenir des renseignements sur le monde physique extérieur. Cette dernière fonction est une caractéristique courante de la magie. Une définition plus formelle du chamanisme en fait une tradition de guérison par l’extase. Celle-ci consiste essentiellement en techniques visant à déclencher, à maintenir puis à interpréter les expériences les plus frappantes de l’imaginaire exacerbé qui naît de l’état altéré de conscience délibérément provoqué par le chaman.

La clé de l’apprentissage ésotérique du futur chaman – et, comme nous allons le voir, celui des novices dans de nombreuses autres traditions religieuses – réside dans l’art de développer des images mentales. (…) Dans le chamanisme, la visualisation  des images revêt une importance toute particulière, ce qui n’empêche pas que l’aspect auditif soit également très développé.

L’apprentissage d’une telle “culture visuelle” s’obtient par un processus en deux temps. Tout d’abord, le néophyte apprend à donner plus d’éclat à ses images intérieures grâce à différentes techniques psychologiques et physiologiques. Nombre d’entre elles peuvent paraitre excessives selon nos standards culturels: stimulation de la douleur, hypoglycémie et déshydratation, hyper-mobilité (comme par exemple au cours d’une longue période de danse), stimulation acoustique (due au tambour), solitude et immobilisation forcée, privation de sommeil, hyper-ventilation, ingestion d’hallucinogènes. Chacune de ces techniques induit une altération de l’état de conscience. Des études expérimentales menées en psychologie ont montré que les images mentales peuvent devenir tellement vivantes qu’elles empêchent la perception visuelle normale. Cela se passe comme si les vibrations du monde intérieur devenaient si intenses qu’elles masquaient la lumière provenant de l’extérieur.

Une fois qu’un novice est en mesure de créer des images “aussi réelles que la vie”, la seconde phase de l’apprentissage peut commencer, qui a pour but de développer le contrôle sur l’imagerie mentale. Les chamans captent la vision et agissent sur son contenu, apprenant ainsi à maitriser les esprits. (…)

Pour acquérir la connaissance et le pouvoir, les hommes ont toujours consulté des entités hors de ce monde qui sont traditionnellement considérées comme des “source de sagesse” trans-personnelles et capables de véhiculer l’information décisive au-delà des limites ordinaires de l’espace et du temps. Dans de nombreuses traditions, les esprits gardiens, les anges, les ancêtres disparus, les déités naturelles ont tous été contactés au cours de rituel occultes. Le plus souvent, le praticien commence par engager le dialogue avec les entités spirituelles en tombant en état altéré de conscience, ce qui lui permet de voir et d’entendre ces “hôtes invisibles”. Cependant, ce sont parfois ces derniers qui frappent aux portes de l’ “imaginal”. Quoi qu’il en soit, appelés ou non, ils offrent un pouvoir symbolique de transformation, pour soi, pour les autres ou pour l’environnement.

Ainsi, l’initiation par les esprits peut faciliter la transformation intérieure, ce qui explique que les “esprits gardiens” ou “les guides et maitres spirituels” soient invoqués par l’espèce humaine. Ces êtres ne sont pas imaginaires dans le sens où ils seraient purs fantasmes ou constructions fictives. Ils sont “imaginals”, c’est-à-dire qu’ils existent dans un plan d’expérience où ils vivent leur propre réalité, un mundus imaginalis ou “monde imaginal”, pour reprendre l’expression d’Henry Corbin, coexistant avec le monde terrestre dont nous faisons l’expérience à l’état de veille ordinaire. Les êtres “Imaginals” font partie de notre réalité et il en a probablement toujours été ainsi depuis l’apparition de la conscience humaine.

 

 

Photo de couverture: art by luis tamani amasifuen

 

 

 

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