SCIENCE ET MAGIE: DEUX VOIES DE CONNAISSANCE

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Dans son livre La pensée sauvage, Claude Lévi-Strauss, le maitre de la dialectique en anthropologie, place la magie, qui inclut le chamanisme, au même niveau intellectuel que la science…

Au lieu d’opposer magie et science, il vaudrait mieux les mettre en parallèle, comme deux modes de connaissance, inégaux quant aux résultats théoriques et pratiques (car, de ce point de vue, il est vrai que la science réussit mieux que la magie, bien que la magie préforme la science en ce sens qu’elle aussi réussit quelquefois), mais non par le genre d’opérations mentales qu’elles supposent toutes deux, et qui diffèrent moins en nature qu’en fonction des types de phénomènes auxquels elle s’appliquent.

Ces relations découlent, en effet, des conditions objectives où sont apparues la connaissance magique et la connaissance scientifique. L’histoire de cette dernière est assez courte pour que nous soyons bien informés à son sujet; mais que l’origine de la science moderne remonte seulement à quelques siècles pose un problème auquel les ethnologues n’ont pas suffisamment réfléchi; le nom de paradoxe néolithique lui conviendrait parfaitement.

C’est au néolithique que se confirme la maîtrise, par l’homme, des grands arts de la civilisation: poterie, tissage, agriculture et domestication des animaux.

Nul, aujourd’hui, ne songerait plus à expliquer ces immenses conquêtes par l’accumulation fortuite d’une série de trouvailles faites au hasard, ou révélées par le spectacle passivement enregistré de certains phénomènes naturels.

Chacune de ces techniques suppose des siècles d’observation active et méthodique, des hypothèses hardies et contrôlées, pour les rejeter ou pour les avérer au moyen d’expériences inlassablement répétées (…)

Pour transformer une herbe folle en plante cultivée, une bête sauvage en animal domestique, faire apparaitre chez l’une ou chez l’autre des propriétés alimentaires ou technologiques qui, à l’origine, étaient complètement absentes ou pouvaient à peine être soupçonnées; pour faire d’une argile instable, prompte à s’effriter, à se pulvériser ou à se fendre, une poterie solide et étanche (mais seulement à la condition d’avoir déterminé, entre une multitude de matières organiques et inorganiques, la plus propre à servir de dégraissant, ainsi que le combustible convenable, la température et le temps de cuisson, le degré d’oxydation efficace); pour élaborer les techniques, souvent longues et complexes, permettant de cultiver sans terre ou bien sans eau, de changer des graines ou racines toxiques en aliments, ou bien encore d’utiliser cette toxicité pour la chasse, la guerre, le rituel, il a fallu, n’en doutons pas, une attitude d’esprit véritablement scientifique, une curiosité assidue et toujours en éveil, un appétit de connaitre pour le plaisir de connaitre, car une petite fraction seulement des observations et des expériences (dont il faut bien supposer qu’elles étaient inspirées, d’abord et surtout, par le goût du savoir) pouvaient donner des résultats pratiques, et immédiatement utilisables. Encore laissons-nous de côté la métallurgie du bronze et du fer, celle des métaux précieux, et même le simple travail du cuivre natif par martelage qui a précédé la métallurgie de plusieurs millénaires, et qui tous exigent déjà une compétence technique très poussée.

L’homme du néolithique ou de la protohistoire est donc l’héritier d’une longue tradition scientifique; pourtant, si l’esprit qui l’inspirait ainsi que tous ses devanciers avait été exactement le même que celui des modernes, comment pourrions-nous comprendre qu’il se soit arrêté, et que plusieurs millénaires de stagnation s’intercalent comme un palier, entre la révolution néolithique et la science contemporaine? Le paradoxe n’admet qu’une solution: c’est qu’il existe deux modes distincts de pensée scientifique, l’un et l’autre fonction, non pas certes de stades inégaux du développement de l’esprit humain, mais des deux niveaux stratégiques où la nature se laisse attaquer par la connaissance scientifique: L’un approximativement ajusté à celui de la perception et de l’imagination, et l’autre décalé; comme si les rapports nécessaires, qui font l’objet de toute science – qu’elle soit néolithique ou moderne –, pouvaient être atteints par deux voies différentes: L’une très proche  l’intuition sensible, l’autre plus éloignée.

 

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