APPELER LES ESPRITS POUR LA PREMIÈRE FOIS

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elan-noir-memoires-d-un-sioux-336038-264-432En 1931, le poète John Neihardt recueillit l’histoire de la vie d’Élan-Noir, un vieux Sioux Oglala. Élan-Noir a vécu à l’époque où les Sioux contrôlaient leur territoire et chassaient le bison. Jeune homme, il participa à la bataille de Little Big Horn. Dans le passage qui suit, Élan-Noir appelle les esprits pour réaliser sa première guérison.

Je profite de cet article, pour saluer mes frères et soeurs de la voix rouge.

Bonne lecture les Ami(e)s

“Un jour, à la lune de l’engraissement (juin), quand tout était en fleur, j’ai invité Un-Côté à venir manger chez moi. J’avais beaucoup pensé à la plante à quatre rayons que j’avais vue deux fois déjà, la première fois dans ma grande vision lorsque j’vais neuf ans, et la seconde fois lorsque je faisais la lamentation sur la colline. Je savais que je devais avoir cette plante pour guérir et je pensais que je pourrais reconnaitre la place où je l’avais vue croitre, la nuit où je faisais la lamentation.

Après que nous avons mangé, Un-Côté et moi, je lui ai dit que je devais trouver une certaine plante, et que je voulais qu’il m’aide à la chercher. Bien entendu je ne lui ai pas dit que je l’avais vue dans une vision; Il a accepté de m’aider et nous sommes montés sur nos chevaux et partis pour Grass Creek. Personne ne vivait de ce côté-là. Nous sommes arrivés au sommet d’une colline, au-dessus d’un ruisseau, et là nous sommes descendus de cheval et nous nous sommes assis, car je sentais que nous étions proches de l’endroit où j’avais vu la plante croître dans ma vision du chien.

Nous sommes restés assis un moment, chantant ensemble des chants heyokas. Puis je me suis mis à chanter, seul, un chant que j’avais entendu dans la grande vision.

Ils envoient des voix d’une manière sacrée.

Après avoir chanté ce chant, j’ai regardé en bas du côté de l’ouest, et, là bas, en un certain endroit à côté du ruisseau, il avait des corneille, des pies, des jeunes faucons et des aigles tachetés qui tournaient et tournaient.

Alors j’ai compris, et j’ai dit à Un-Côté: “Mon vieux, juste là, c’est là que la plante croît.” Il a dit: “Eh bien, allons voir.” Nous avons enfourché nos chevaux et sommes descendus vers Grass Creek jusqu’à ce que nous arrivions à un ravin sec que nous avons remonté. Comme nous approchions de l’endroit, tous les oiseaux se sont envolés, et c’était un endroit où aboutissaient quatre ou cinq ravins asséchés. C’était là, sur la berge, que la plante poussait. Et je l’ai su tout de suite, bien que je ne l’aie jamais vu auparavant, sauf dans ma vision.

Elle avait une racine longue à peu près comme jusqu’à mon coude, et un peu plus épaisse que mon pouce. Elle fleurissait en quatre couleurs, bleu, blanc, rouge et jaune.

Nous sommes descendus de cheval, et après que j’eus offert de l’écorce de saule rouge aux Six pouvoirs, j’ai fait une prière à la plante et lui ai dit: “Maintenant, il nous faut aller de l’avant vers ceux qui ont deux jambes, mais vers les plus faibles seulement, et il y aura d’heureux jours parmi les faibles.”

Il a été facile de déterrer la plante, car elle poussait dans la glaise au bord du ravin. Puis nous sommes rentrés avec elle. Quand nous sommes de nouveau arrivés à Grass Creek, nous l’avons enveloppée avec de la bonne sauge qui poussait là.

Quelque chose a dû me dire que je pouvais trouver la plante à ce moment-là, parce que le soir suivant j’en ai eu besoin, et sans elle je n’aurais rien pu faire.

J’étais en train de manger mon souper lorsqu’un homme du nom de coupe-en-morceaux est entré en disant: “Hey, hey, hey!”, car il avait des ennuis. Je lui ai demandé ce qui n’allait pas, et il a dit: “J’ai un garçon, et il est très malade, et j’ai peur qu’il ne meure bientôt. Il y a longtemps qu’il est malade. Ils disent que tu as un grand pouvoir depuis la cérémonie heyoka, alors peut-être que tu peux le sauver pour moi. Je l’aime beaucoup.”

J’ai dit à Coupe-enMorceaux que s’il voulait vraiment de l’aide il fallait qu’il retourne chez lui et me rapporte une pipe avec une plume d’aigle dessus. Quand il est parti, j’ai réfléchi à ce que j’avais à faire, et j’avais peur parce-que  je n’avais pas encore guéri personne avec mon pouvoir, et j’étais triste pour Coupe-en-Morceaux. J’ai prié ardemment pour avoir de l’aide.

Quand Coupe-en-Morceau est revenu avec la pipe, je lui ai dit de la faire passer autour, à ma gauche, de la laisser là, puis de la repasser à ma droite. Après cela, j’ai envoyé chercher Un-Côté pour qu’il vienne m’aider. Puis j’ai pris la pipe et suis allé où était le petit garçon malade. Mon père et ma mère et ma mère sont venus avec nous et mon ami Ours-Debout s’y trouvait déjà.

J’ai commencé par offrir la pipe aux six pouvoirs, puis je l’ai passée et nous avons tous fumé. Après cela j’ai commencé à faire un roulement de tonnerre avec mon tambour. Vous savez, quand le pouvoir de l’ouest arrive vers ceux qui ont deux jambes, il arrive avec des roulements, et quand il est passé, tout relève , tout est content, et tout reverdit. J’ai donc fait le son de ce roulement. Et puis la voix du tambour est aussi une offrande à l’Esprit du Monde. Ce son éveille l’esprit de l’homme et lui fait sentir le mystère et le pouvoir des choses.

Le petit Garçon malade était situé du côté Nord-Est de la tente, et quand nous sommes entrés, au sud, nous avons tourné de gauche à droite, nous arrêtant du côté est après avoir accompli un cercle.

Vous voulez savoir pourquoi nous allons toujours ainsi de gauche à droite. Je peux vous dire quelque chose à ce sujet, mais pas tout. Réfléchissez: le sud n’est-il pas la source de la vie, et la baguette fleurie ne vient-elle pas véritablement de là?

Et l’homme, ne s’avance-t’il pas de cet endroit jusqu’au soleil couchant de sa vie? Puis ne s’approche-t-il pas du nord plus froid où sont les cheveux blancs? Et n’arrive-t-il pas alors, s’il vit encore, à la source de lumière et de compréhension qui est l’est? Puis ne retourne-t-il pas là où il avait commencé, à sa seconde enfance, pour y redonner sa vie à toute la vie,  et sa chair à la terre d’où elle est venue? Plus vous en serez à cela, plus vous y découvrirez de signification.

Je disais donc que nous étions allés de gauche à droite dans la tente, et nous nous sommes assis du côté ouest. Le petit garçon malade était du côté nord-est, et il semblait n’avoir que la peau sur les os.

J’avais déjà la pipe, le tambour et la plante à quatre rayons. J’ai donc demandé une coupe en bios pleine d’eau et un sifflet en os d’aigle représentant l’aigle tacheté de ma vision. Ils ont placé la coupe d’eau devant moi. Et puis il m’a fallu réfléchir un moment, car je n’avais jamais fait cela auparavant et j’étais saisi de doute.

Maintenant je comprenais un petit peu mieux. J’ai donné le sifflet d’os d’aigle à Un-Côté et je lui ai dit comment il devait s’en servir pendant qu’il m’aidait. Puis j’ai bourré la pipe avec de l’écorce de saule rouge et je l’ai donnée à la mignonne petite fille de Coupe-en-Morceaux, et je lui ai dit de la tenir, toute comme j’avais vu la vierge de l’est la tenir dans ma grande vision.

Tout était prêt maintenant, alors j’ai fait un sourd roulement de tambour, battant la mesure tandis que j’envoyais une voix. J’ai crié quatre fois, battant du tambour et criant à l’esprit du monde, et pendant que je faisais cela je pouvais sentir le pouvoir qui venait en moi, montant depuis les pieds jusqu’en haut, et j’ai su que j’allais pouvoir guérir le petit garçon malade.

J’ai continué à envoyer une voix, tout en faisant un roulement sourd sur le tambour, en disant: “Mon Grand-Père, Grand Esprit, tu es l’unique , et nul ne peut envoyer de voix à aucun autre. Tu as tout créé, disent-ils, et ce que tu as créé est bon et magnifique. Tu as fait les quatre quartiers et les deux routes qui se croisent/ Et tu as aussi placé un pouvoir là où le soleil se couche. Ceux qui ont deux jambes, sur la terre, sont au désespoir. Mon grand-père, c’est pour eux que je t’envoie une voix. Tu m’avais dit: Le faible marchera. Tu m’as emporté en vision au centre du monde et là tu m’as montré le pouvoir de régénérer. Par son pouvoir, l’eau de la coupe que tu m’as donnée fera revivre le mourant. Par son pouvoir, la plante que tu m’as montrée fera que le faible pourra marcher en se tenant droit. Venant de la direction vers laquelle nous sommes toujours tournés (le sud), vois, une vierge apparaitra, marchant sur la bonne route rouge, offrant la pipe tandis qu’elle marche, et le pouvoir de l’arbre en fleur appartiendra. Depuis le lieu où vit le géant (le nord), tu m’as donné un vent sacré et purificateur, et là où ce vent passera, le faible recevra la force. À toi et à tous les pouvoirs et à la terre Mère j’envoie une voix pour demander aide.”

Vous voyez je n’avais jamais fait cela auparavant, et je sais maintenant qu’un seul pouvoir aurait été suffisant. Mais j’étais alors si impatient d’aider le petit farçon malade que j’ai appelé tous les pouvoirs possibles.

Je faisais donc face à l’ouest, comme il se doit, tandis que j’envoyais une voix. Alors j’ai marché au nord, puis à l’est, puis au sud où je me suis arrêté. Là où réside la source de toute vie et où commence la bonne route rouge. Je suis resté debout et j’ai chanté.

Je l’es ai fait marcher d’une manière sacrée.

Une nation est là étendue.

Je les ai fait marcher d’une manière sacrée

Un être sacré à deux jambes est là étendue 

D’une manière sacrée il va marcher.

Tandis que je chantais ainsi, j’ai senti quelque chose d’étrange à travers tout mon corps, quelque chose qui me donnait envie de pleurer pour tous les malheurs qui arrivent, et les larmes coulaient sur mon visage.

Alors j’ai marché vers le quartier de l’ouest, où j’ai allumé la pipe, je l’ai offerte aux pouvoirs, et après avoir tiré une bouffée je l’ai fait passer.

Quand j’ai de nouveau regardé le petit garçon malade, il m’a souri, et j’ai senti que le pouvoir devenait plus fort;

Ensuite j’ai pris la coupe d’eau, j’en ai bu un peu, et je suis allé vers le petit garçon malade. Debout devant lui, j’ai frappé la terre quatre fois. puis, mettant ma bouche dans le creux de son estomac, j’ai soufflé à travers lui le vent purificateur du nord. Ensuite j’ai mâché un peu de la plante que j’ai mise dans l’eau, et j’en ai soufflé un peu sur le garçon et aux quatre quartiers. J’ai donné la coupe avec l’eau qui restait à la vierge, laquelle l’a donnée à boire au petit garçon malade. Puis j’ai dit à la vierge d’aider le garçon à se lever et de marcher avec lui autour du cercle, en commençant au sud, la source de la vie. Il était très faible et vraiment misérable, mais avec l’aide de la vierge il l’a fait.

Pus je m’en suis allé.

Le jour suivant, Coupe-enMorceaux est venu me dire que son petit garçon commençait à aller mieux, qu’il pouvait s’asseoir et s’était remis à manger. En quatre jours il a pu de nouveau marcher. Il a guéri et a vécu jusqu’à l’âge de trente ans.

Coupe-en-Morceaux m’a donné un bon cheval pour ça, mais bien entendu je l’aurais fait pour rien.

Quand les gens ont entendu comment le petit garçon avait été guéri, beaucoup sont venus me demander de l’aide, et je fus ainsi occupé la plupart du temps.

Cela se passait l’été de mes dix neuf ans (1882), à la lune de l’engraissement.

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