L‘anthropologue suisse Alfred Métraux a fourni une excellente vue d’ensemble du chamanisme sud-américain dans un texte intitulé “Le chaman dans les civilisations indigènes des Guyanes et de l’Amazonie”, mais également dans le Vodou Haïtien. Métraux était connu pour la précision et l’exhaustivité de ses recherches.

Le thème  des fléchettes magiques et autres substances invisibles apparait dans de nombreuses civilisations et pratiques chamaniques. Il se manifeste fréquemment chez les officiants, plus particulièrement en Amérique du Sud. Métraux est l’un des premiers à avoir fourni des descriptions détaillées du sujet dans le Manuel sur les indiens d’Amérique du sud (publié par le gouvernement Américain)

L’ambivalence du praticien chamanique s’exprime souvent dans le fait que pour pouvoir aider les gens il doit être capable de leur nuire.

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“La croyance générale  veut souvent que le pouvoir du chamane réside dans son souffle ou dans la fumée du tabac, qui matérialise sa respiration tout en y ajoutant l’efficacité du tabac. Le pouvoir purificateur et revigorant du souffle mêlé à la fumée du tabac joue un rôle considérable pour les traitements magiques et autres rituels de magie.

D’autres commentateurs ont également décrit le pouvoir du chamane comme une substance mystérieuse que le magicien porte en lui. Les gestes effectués par les praticiens pendant leurs opérations magiques donnent en effet à penser que ces derniers manipulent une substance invisible, qu’ils extraient du corps du patient ou transmettent à d’autres personnes ou même à des choses pour accroître leur vertu. Les chamanes apapocuva-guaraní, par exemple, sont censés avoir reçu une substance des esprits, substance qu’ils peuvent, à leur tour, communiquer à d’autres individus pour accroitre leur vitalité. […]

Il n’ y a pas de différence fondamentale entre la substance magique – Une matière invisible mais tangible –, et les flèches, cristaux et épines qui séjournent parfois dans le corps du chamane. De fait, ces objets constituent une matérialisation du pouvoir du chamane, lequel est parfois conçu de manière plus floue et abstraite comme une sorte de “substance magique”. Le même principe veut que l’esprit gardien ou familier du chamane soit une personnification de ce même pouvoir, plutôt qu’une entité différenciée coexistant avec la notion de substance invisible. La substance magique, les objets pathogènes et les esprits gardiens représentent donc les trois différents aspects de la même notion fondamentale, quoique vaguement élaborée, de pouvoir magique.

Les quelques exemples suivants illustreront ce dernier point: Pour différentes tribus de Haute-Amazonie, cette substance magique est étroitement liée à des épines invisibles et à des fléchettes qui en sont enrobées.

Les Cubeo croient, pour leur part, que la force magique est associée aux cristaux. Ils considèrent, notamment, que le chamane introduit dans la tête de son apprenti des petits morceaux de cristal, qui vont peu à peu dévorer et remplacer son cerveau et ses yeux, et devenir ainsi la source de son “pouvoir”.

Les cristaux de roche sont également des esprits. Chez les Caribes de Barama, par exemple, chaque catégorie d’esprits est rattachée à un type de pierre donné. En possédant l’une ou l’autre de ses pierres, le chamane peut contrôler la catégorie d’esprit qui s’y rapporte. Vers la fin de l’initiation, des pierres sortent de la bouches de l’apprenti, pour pénétrer dans ses bras, de façon à frayer un passage pour un voult. Cristaux et esprits sont identiques. Les armes magiques sont douées de vie, puisque, après avoir rempli la mission qui leur a été assignée, elles regagnent le corps du chamane.

Lorsqu’un chamane yaguá décède, les fléchettes que renferme son corps se transfèrent dans l’organisme de l’un de ses disciples. Si le chamane n’a pas d’héritier, les fléchettes voyagent dans les airs, jusqu’à ce qu’elles trouvent un chamane dans le corps duquel entrer. […]

Puisque les chamanes sont, par définition, “porteurs de flèches ou de substances invisibles”, ils ont à leur disposition des armes puissantes qui peuvent être mises à profit tant pour le bien que pour le mal. Sans ce pouvoir négatif, le chamane ne serait, en effet, pas capable de soigner. Un chamane qui utilise ses armes dans le but d’attaquer uniquement des ennemis hors de la communauté jouira d’une bonne réputation et sera considéré comme l’un des meilleurs serviteurs du groupe. ce n’est que lorsqu’il retourne contre des membres de sa propre communauté qu’il suscitera de la haine, de la méfiance et, pour finir, risquera d’être l’objet de rétorsions.

La substance magique qui donne corps au pouvoir du chamane, et qu’il utilise pour soigner et redonner de la force à ses clients, se transforme en instrument de mort, lorsqu’elle est utilisée contre un ennemi. “Le pouvoir du chamane est semblable au poison” qui tue. Le chamane guaraní, par exemple, frappe ses ennemis en déversant dans leur organisme la substance magique qu’il aura récupérée du corps de ses patients.

Le chamane chiquito renferme dans son estomac une substance noirâtre, qui tue tous ceux dans lesquels elle est injectée avec des intentions criminelles. […]

La punition que les indiens réservent aux sorcières est proportionnelle à la peur qu’elles inspirent. Les actes les plus cruels commis par les indiens ont toujours été perpétrés à l’encontre des chamanes qui avaient trahi leur confiance. Les Campa, par exemple, ne se limitent pas à tuer le chamane coupable, mais vont jusqu’à mettre à mort toute sa famille et détruire l’ensemble de ses biens.”

 

elan-noir-memoires-d-un-sioux-336038-264-432En 1931, le poète John Neihardt recueillit l’histoire de la vie d’Élan-Noir, un vieux Sioux Oglala. Élan-Noir a vécu à l’époque où les Sioux contrôlaient leur territoire et chassaient le bison. Jeune homme, il participa à la bataille de Little Big Horn. Dans le passage qui suit, Élan-Noir appelle les esprits pour réaliser sa première guérison.

Je profite de cet article, pour saluer mes frères et soeurs de la voix rouge.

Bonne lecture les Ami(e)s

“Un jour, à la lune de l’engraissement (juin), quand tout était en fleur, j’ai invité Un-Côté à venir manger chez moi. J’avais beaucoup pensé à la plante à quatre rayons que j’avais vue deux fois déjà, la première fois dans ma grande vision lorsque j’vais neuf ans, et la seconde fois lorsque je faisais la lamentation sur la colline. Je savais que je devais avoir cette plante pour guérir et je pensais que je pourrais reconnaitre la place où je l’avais vue croitre, la nuit où je faisais la lamentation.

Après que nous avons mangé, Un-Côté et moi, je lui ai dit que je devais trouver une certaine plante, et que je voulais qu’il m’aide à la chercher. Bien entendu je ne lui ai pas dit que je l’avais vue dans une vision; Il a accepté de m’aider et nous sommes montés sur nos chevaux et partis pour Grass Creek. Personne ne vivait de ce côté-là. Nous sommes arrivés au sommet d’une colline, au-dessus d’un ruisseau, et là nous sommes descendus de cheval et nous nous sommes assis, car je sentais que nous étions proches de l’endroit où j’avais vu la plante croître dans ma vision du chien.

Nous sommes restés assis un moment, chantant ensemble des chants heyokas. Puis je me suis mis à chanter, seul, un chant que j’avais entendu dans la grande vision.

Ils envoient des voix d’une manière sacrée.

Après avoir chanté ce chant, j’ai regardé en bas du côté de l’ouest, et, là bas, en un certain endroit à côté du ruisseau, il avait des corneille, des pies, des jeunes faucons et des aigles tachetés qui tournaient et tournaient.

Alors j’ai compris, et j’ai dit à Un-Côté: “Mon vieux, juste là, c’est là que la plante croît.” Il a dit: “Eh bien, allons voir.” Nous avons enfourché nos chevaux et sommes descendus vers Grass Creek jusqu’à ce que nous arrivions à un ravin sec que nous avons remonté. Comme nous approchions de l’endroit, tous les oiseaux se sont envolés, et c’était un endroit où aboutissaient quatre ou cinq ravins asséchés. C’était là, sur la berge, que la plante poussait. Et je l’ai su tout de suite, bien que je ne l’aie jamais vu auparavant, sauf dans ma vision.

Elle avait une racine longue à peu près comme jusqu’à mon coude, et un peu plus épaisse que mon pouce. Elle fleurissait en quatre couleurs, bleu, blanc, rouge et jaune.

Nous sommes descendus de cheval, et après que j’eus offert de l’écorce de saule rouge aux Six pouvoirs, j’ai fait une prière à la plante et lui ai dit: “Maintenant, il nous faut aller de l’avant vers ceux qui ont deux jambes, mais vers les plus faibles seulement, et il y aura d’heureux jours parmi les faibles.”

Il a été facile de déterrer la plante, car elle poussait dans la glaise au bord du ravin. Puis nous sommes rentrés avec elle. Quand nous sommes de nouveau arrivés à Grass Creek, nous l’avons enveloppée avec de la bonne sauge qui poussait là.

Quelque chose a dû me dire que je pouvais trouver la plante à ce moment-là, parce que le soir suivant j’en ai eu besoin, et sans elle je n’aurais rien pu faire.

J’étais en train de manger mon souper lorsqu’un homme du nom de coupe-en-morceaux est entré en disant: “Hey, hey, hey!”, car il avait des ennuis. Je lui ai demandé ce qui n’allait pas, et il a dit: “J’ai un garçon, et il est très malade, et j’ai peur qu’il ne meure bientôt. Il y a longtemps qu’il est malade. Ils disent que tu as un grand pouvoir depuis la cérémonie heyoka, alors peut-être que tu peux le sauver pour moi. Je l’aime beaucoup.”

J’ai dit à Coupe-enMorceaux que s’il voulait vraiment de l’aide il fallait qu’il retourne chez lui et me rapporte une pipe avec une plume d’aigle dessus. Quand il est parti, j’ai réfléchi à ce que j’avais à faire, et j’avais peur parce-que  je n’avais pas encore guéri personne avec mon pouvoir, et j’étais triste pour Coupe-en-Morceaux. J’ai prié ardemment pour avoir de l’aide.

Quand Coupe-en-Morceau est revenu avec la pipe, je lui ai dit de la faire passer autour, à ma gauche, de la laisser là, puis de la repasser à ma droite. Après cela, j’ai envoyé chercher Un-Côté pour qu’il vienne m’aider. Puis j’ai pris la pipe et suis allé où était le petit garçon malade. Mon père et ma mère et ma mère sont venus avec nous et mon ami Ours-Debout s’y trouvait déjà.

J’ai commencé par offrir la pipe aux six pouvoirs, puis je l’ai passée et nous avons tous fumé. Après cela j’ai commencé à faire un roulement de tonnerre avec mon tambour. Vous savez, quand le pouvoir de l’ouest arrive vers ceux qui ont deux jambes, il arrive avec des roulements, et quand il est passé, tout relève , tout est content, et tout reverdit. J’ai donc fait le son de ce roulement. Et puis la voix du tambour est aussi une offrande à l’Esprit du Monde. Ce son éveille l’esprit de l’homme et lui fait sentir le mystère et le pouvoir des choses.

Le petit Garçon malade était situé du côté Nord-Est de la tente, et quand nous sommes entrés, au sud, nous avons tourné de gauche à droite, nous arrêtant du côté est après avoir accompli un cercle.

Vous voulez savoir pourquoi nous allons toujours ainsi de gauche à droite. Je peux vous dire quelque chose à ce sujet, mais pas tout. Réfléchissez: le sud n’est-il pas la source de la vie, et la baguette fleurie ne vient-elle pas véritablement de là?

Et l’homme, ne s’avance-t’il pas de cet endroit jusqu’au soleil couchant de sa vie? Puis ne s’approche-t-il pas du nord plus froid où sont les cheveux blancs? Et n’arrive-t-il pas alors, s’il vit encore, à la source de lumière et de compréhension qui est l’est? Puis ne retourne-t-il pas là où il avait commencé, à sa seconde enfance, pour y redonner sa vie à toute la vie,  et sa chair à la terre d’où elle est venue? Plus vous en serez à cela, plus vous y découvrirez de signification.

Je disais donc que nous étions allés de gauche à droite dans la tente, et nous nous sommes assis du côté ouest. Le petit garçon malade était du côté nord-est, et il semblait n’avoir que la peau sur les os.

J’avais déjà la pipe, le tambour et la plante à quatre rayons. J’ai donc demandé une coupe en bios pleine d’eau et un sifflet en os d’aigle représentant l’aigle tacheté de ma vision. Ils ont placé la coupe d’eau devant moi. Et puis il m’a fallu réfléchir un moment, car je n’avais jamais fait cela auparavant et j’étais saisi de doute.

Maintenant je comprenais un petit peu mieux. J’ai donné le sifflet d’os d’aigle à Un-Côté et je lui ai dit comment il devait s’en servir pendant qu’il m’aidait. Puis j’ai bourré la pipe avec de l’écorce de saule rouge et je l’ai donnée à la mignonne petite fille de Coupe-en-Morceaux, et je lui ai dit de la tenir, toute comme j’avais vu la vierge de l’est la tenir dans ma grande vision.

Tout était prêt maintenant, alors j’ai fait un sourd roulement de tambour, battant la mesure tandis que j’envoyais une voix. J’ai crié quatre fois, battant du tambour et criant à l’esprit du monde, et pendant que je faisais cela je pouvais sentir le pouvoir qui venait en moi, montant depuis les pieds jusqu’en haut, et j’ai su que j’allais pouvoir guérir le petit garçon malade.

J’ai continué à envoyer une voix, tout en faisant un roulement sourd sur le tambour, en disant: “Mon Grand-Père, Grand Esprit, tu es l’unique , et nul ne peut envoyer de voix à aucun autre. Tu as tout créé, disent-ils, et ce que tu as créé est bon et magnifique. Tu as fait les quatre quartiers et les deux routes qui se croisent/ Et tu as aussi placé un pouvoir là où le soleil se couche. Ceux qui ont deux jambes, sur la terre, sont au désespoir. Mon grand-père, c’est pour eux que je t’envoie une voix. Tu m’avais dit: Le faible marchera. Tu m’as emporté en vision au centre du monde et là tu m’as montré le pouvoir de régénérer. Par son pouvoir, l’eau de la coupe que tu m’as donnée fera revivre le mourant. Par son pouvoir, la plante que tu m’as montrée fera que le faible pourra marcher en se tenant droit. Venant de la direction vers laquelle nous sommes toujours tournés (le sud), vois, une vierge apparaitra, marchant sur la bonne route rouge, offrant la pipe tandis qu’elle marche, et le pouvoir de l’arbre en fleur appartiendra. Depuis le lieu où vit le géant (le nord), tu m’as donné un vent sacré et purificateur, et là où ce vent passera, le faible recevra la force. À toi et à tous les pouvoirs et à la terre Mère j’envoie une voix pour demander aide.”

Vous voyez je n’avais jamais fait cela auparavant, et je sais maintenant qu’un seul pouvoir aurait été suffisant. Mais j’étais alors si impatient d’aider le petit farçon malade que j’ai appelé tous les pouvoirs possibles.

Je faisais donc face à l’ouest, comme il se doit, tandis que j’envoyais une voix. Alors j’ai marché au nord, puis à l’est, puis au sud où je me suis arrêté. Là où réside la source de toute vie et où commence la bonne route rouge. Je suis resté debout et j’ai chanté.

Je l’es ai fait marcher d’une manière sacrée.

Une nation est là étendue.

Je les ai fait marcher d’une manière sacrée

Un être sacré à deux jambes est là étendue 

D’une manière sacrée il va marcher.

Tandis que je chantais ainsi, j’ai senti quelque chose d’étrange à travers tout mon corps, quelque chose qui me donnait envie de pleurer pour tous les malheurs qui arrivent, et les larmes coulaient sur mon visage.

Alors j’ai marché vers le quartier de l’ouest, où j’ai allumé la pipe, je l’ai offerte aux pouvoirs, et après avoir tiré une bouffée je l’ai fait passer.

Quand j’ai de nouveau regardé le petit garçon malade, il m’a souri, et j’ai senti que le pouvoir devenait plus fort;

Ensuite j’ai pris la coupe d’eau, j’en ai bu un peu, et je suis allé vers le petit garçon malade. Debout devant lui, j’ai frappé la terre quatre fois. puis, mettant ma bouche dans le creux de son estomac, j’ai soufflé à travers lui le vent purificateur du nord. Ensuite j’ai mâché un peu de la plante que j’ai mise dans l’eau, et j’en ai soufflé un peu sur le garçon et aux quatre quartiers. J’ai donné la coupe avec l’eau qui restait à la vierge, laquelle l’a donnée à boire au petit garçon malade. Puis j’ai dit à la vierge d’aider le garçon à se lever et de marcher avec lui autour du cercle, en commençant au sud, la source de la vie. Il était très faible et vraiment misérable, mais avec l’aide de la vierge il l’a fait.

Pus je m’en suis allé.

Le jour suivant, Coupe-enMorceaux est venu me dire que son petit garçon commençait à aller mieux, qu’il pouvait s’asseoir et s’était remis à manger. En quatre jours il a pu de nouveau marcher. Il a guéri et a vécu jusqu’à l’âge de trente ans.

Coupe-en-Morceaux m’a donné un bon cheval pour ça, mais bien entendu je l’aurais fait pour rien.

Quand les gens ont entendu comment le petit garçon avait été guéri, beaucoup sont venus me demander de l’aide, et je fus ainsi occupé la plupart du temps.

Cela se passait l’été de mes dix neuf ans (1882), à la lune de l’engraissement.

Dans la plupart des religions les divinités sont des entités de nature essentiellement immatérielle, ultimes modèles  de la perfection et des idéaux auxquels doivent aspirer les humains. Dans le Vodou, on est plutôt en présence d’esprits qui veulent prendre la forme humaine, avec tous les sentiments et sensations que connaissent les hommes: joie, tristesse, bonheur, douleur, faim, soif, etc. C’est dans ce but qu’ils s’incarnent dans leurs adeptes qui acquièrent à ce moment-là leurs caractéristiques et leur personnalité. C’est de cette incarnation qu’il s’agit quand on dit, en terminologie vodou en parlant de l’adepte en crise, “Lwa a monte chwal li’. (Le lwa a monté son cheval)

Ce genre de phénomène existe dans beaucoup de religions. Il a été communément dénommé “crise de possession” ou “transe”. En ce qui a trait à notre vodou en particulier , nous pensons que l’usage de mots tels que “possessions” et “posséder” est a déconseiller, afin d’éviter toute confusion possible avec les possessions dites démoniaques, en assimilation des lwa ou satan ou au démon des chrétiens.

En effet, pour le croyant, l’emprise qui le domine vient d’une divinité. On doit bien admettre ce fait si on veut aborder la question sans préjugés. D’autres part, le mot transe est aussi employé dans les sciences occultes pour identifier l’état de dépersonnalisation psychique d’un médium. D’après Crosley 2002, dans le cas du Vodou , il ne s’agit  pas de seconde personnalité, mais d’un état de superposition entre le lwa et l’adepte. Il serait donc recommandable d’employer un autre mot. C’est pourquoi nous proposons le vocable “théomorphose”.

Voici comment les vodouisants conçoivent la théomorphose: Chaque personne est dotée de deux âmes le “gwo bonanj”( le gros bon ange), et le “ti bonanj”(le petit bon ange). Le gwo bonanj est responsable de l’existence matérielle, des fonctions physiologiques et mentales, tandis que le ti bonanj est l’essence même de la personne, et correspondrait à ce que les chrétiens appellent “âme”. Crosley nous explique le caractère ontologique de ce concept:

D’un point de vue ontologique, les deux âmes de l’homme, Gros-Bon-Ange et Ti-Bon-Ange correspondent à la réalité supersymétrique voulant qu’au début de la création, après le big bang, l’univers se soit manifesté en duo, comme particules et ondes en même temps. (Crosley 2002:99)

Au moment de la théomorphose, le Lwa chasse le “ti bonanj” et se substitue matériellement à sa place. C’est la descente de la divinité pour habiter dans la personne qu’elle a choisie, un phénomène comparable au dogme catholique de la présence de Jésus sur l’autel de la Consécration.  Pour les catholiques, Jésus est réellement présent sous la forme de l’hostie, mais ils ne le voient pas en chair et en os, tandis que dans le cas de la théomorphose vodou, le Lwa est là, visible, c’est à dire il est lui même la personne en crise. Léon-François Hoffmann nous fait la description suivante du comportement d’adeptes montés par ZAKA, OGOU, et EZILI FREDA:

… La personne  “montée” par Zaka (représenté par un vieux paysan), courbera l’échine, se déplacera avec difficulté, parlera d’une voix chevrotante. La personne “montée par un des Ogoun (représenté par des militaires) prendra une allure martiale, réclamera une machette pour arme, fera le salut militaire… la personne “montée” par Erzulie Freda Dahomey (représentée par une femme coquette) minaudera, balancera des hanches, réclamera du parfum et des liqueurs sucrées… (HOFFMAN 1990:115)

La théomorphose est une réalité empirique. Aux sceptiques qui douteraient de son authenticité – ce qui n’équivaut pas à prétendre qu’il n’y ait pas de crise feinte dans le vodou comme d’ailleurs dans les religions ou sectes où elle existe – on peut répondre que les symptômes ont été observés en Haïti et ailleurs, examinés à fond, et confirmés à maintes reprises par des hommes et femmes de science à qui on peut faire confiance. Dans le cas de Vodou, des témoins ont rapporté qu’au début , l’adepte est sujet à des convulsions, des spasmes, à des pertes d’équilibre, des poussée de température. Après un laps de temps relativement court, il arrive à se contrôler et même à faire montre d’une agilité ou de capacités qu’il ne possède pas normalement.

L’évolution du phénomène qui peut durer quelques minutes, quelques heures  ou même plusieurs jours dépend du Lwa incarné, du rituel, de l’expérience de l’individu, de l’ambiance, etc. Revenu à lui, l’adepte le plus souvent, ne se souvient ou se souvient très peu de son expérience. On a aussi fait remarquer que la crise était contagieuse et plus commune chez les femmes que chez les hommes.

Certains aspects du comportement des criseurs depuis son début jusqu’à sa fin peuvent laisser l’impression d’être tout à fait arbitraires. Cependant, ce ne sont là que des apparences comme le fait remarquer le Dr frantz Bernardin.

Bernardin, chercheur paranormal, dans un article intitulé “crise de possession dans le Vodou”, exprime son point de vue sur ce qu’il appelle le cérémonialisme vodou, et nous dit qu’en dépit des apparences, il y a certes de l’ordre dans ce qui pourrait avoir une certaine apparence désordonnée:

Au premier contact le cérémonialisme Vodou donne une impression de désordre et de confusion. Il apparait comme un amalgame de symboles , de rites, de mouvements gestuels, de chants et de danses qui ne semblent obéir à aucun ordonnancement structuré. Mais observé soigneusement, méthodiquement, sans préjugé, il se révèle comme soumis à des lois, même si, d’un point de vue purement scientifique, l’in ignore la nature de ces lois. (Bernadin 2007. Port-Salut Magazine, 27/08/07).

En effet si on examine le comportement des serviteurs pendant la théomorphose, on constate une certaine uniformité quand ils sont montés par les mêmes lwa. Quelle que soit la personne, ils agissent de la même manière. Ceci revient à dire que le dit comportement n’est pas le résultat de décisions ou de fantaisies individuelles du moment, car ils semblent tous suivre les mêmes règles.

De Price-Mars et Dorsainvil à nos jours, pas mal d’attitude ont changé. n’est-ce pas bien Dorsainvil qui avait déclaré que le Vodou était une psychose raciale héréditaire? (Dorsainvil 1931). Ce qui ferait des nègres haïtiens une nation de malades mentaux, la psychose étant “une maladie mentale dont le malade ne reconnaît pas le caractère morbide” (le Robert).

À la même époque, price-Mars lui aussi donnait à l’épithète de phénomènes anormal, pathologique. N’avait-il pas bien affirmé que les serviteurs des Lwa étaient des déséquilibrés psychiques pourvus d’une constitution mythomane?

DESCRIPTIONS ET HYPOTHÈSES EXPLICATIVE

Dans Maximilien 1945 on peut lire:

La crise s’annonce par une sensation de fatigue musculaire, de lassitude dans les membres (sensation de membres cassés), du vertige avec diminution progressive des facultés supérieures. L’individu essaie alors de retrouver l’équilibre, en sautillant à reculons sur un talon et en projetant l’autre membre inférieur en avant. Il peut choir ou se jeter sur les spectateurs qui le soutiennent, puis il perd connaissance durant un instant. Ce n’est qu’un évanouissement, le criseur ne se rend plus compte de rien. (Maximilien 1945:56)

Voici la description de Métraux:

Il devient alors non seulement le réceptacle du dieu, mais son instrument. C’est la personnalité du dieu et non plus la sienne qui s’exprime dans son comportement et ses paroles. Ses jeux de physionomie, ses gestes et jusqu’au ton de sa voix reflètent le caractère et le tempérament de la divinité qui est descendue en lui. (Métraux 1958:106)

Et celle d’Emerson Douyon:

Le criseur ou chwal des loas compose sur son visage un masque caractéristique. Éperonné par son divin cavalier, le regard fixe, le front en sueur, le corps rigide tendu en avant, il fonce droit, s’arrête, se cabre, trébuche, tombe, roule, se débat, s’immobilise enfin dans une attitude cataleptique. Entouré, secouru, réveillé après un temps plus ou moins long, il est salué et reçu par des chants, des libations, des accolades…. (Douyon 1969:18)

La théomorphose, tout au long des temps, a suscité l’interêt de nombreux investigateurs qui ont tenté de formuler des explications, des points de vue soit médical, soit psychologique, soit mystique, soit théologique, ou logique. En ce qui concerne notre but dans cette étude éthno-descriptive, il se s’agit ni de débattre ni d’approfondir tous ces aspects. Nous préférons pour cela référer les lecteurs intéressés aux recherches des savants vodoulogues dont nous venons de citer les noms.

Pendant un grand nombre d’années,  les psychiatres et les psychologues haïtiens et étrangers, ont dominé le champs des recherches sur la théomorphose, et tout naturellement, leur formation médicale leur a fait y voir des états pathologies de toutes espèces.  C’est cette pratique que dénonce Léon-François Hoffmann:

Tant en Haïti qu’à l’étranger, bon nombre de psychologues d’abord, et de psychiatres plus tard, se sont penchés sur le vodou et tout particulièrement, comme on pouvait s’y attendre, sur ses aspects plus dramatiquement exotiques: crises de possession, envoûtement, zombis, etc. Il va de soi qu’assimiler un comportement d’abord perçu comme incompréhensible et menaçant à une maladie mentale est une démarche profondément rassurante qui permet en outre de dévaloriser ce comportement au nom de l’objectivité scientifique. (Hoffmann 1990: 164-165)

En effet, jusqu’au début de la deuxième moitié du XXème siècle, ce furent les hyopthèse pathologiques qui prévalurent en Haïti, comme le souligne Crosley 2002:

Entre les années 1913 et 1960, les psychiatres haïtiens ont accepté la définition médicale officielle de la crise de possession en tant que pathologie mentale. (Crosley 2002:104)

LOUIS MARS

Louis mars a fait de l’étude de la crise de possession le sujet principal de ses ouvrages. Psychiatre de profession, il n’est pas étonnant que ses points de vue aient été invariablement influencés par sa formation médicale. Toutefois, homme de science honnête dont la carrière s’est étendue sur de nombreuses années, il n’est pas étonnant qu’il ait eu à modifier ses positions, à mesure qu’il faisait de nouvelles découvertes, ou que celles de ses collègues parvenaient à sa connaissance.

En effet, dans un article publié en mars 1976 dans le journal le Nouvelliste, il manifeste ouvertement sa désolidarisation d’avec les méthodes médicales du passé.

Les premières observations sur le vodou en Haïti ont été recueillies par des médecins qui se sont servis de modèles cliniques occidentaux pour diagnostiquer la possession. Peu à peu, nous nous sommes aperçus de notre erreur et nous avons apporté la correction nécessaire. (Mars 1976)

Avant Mars, le psychiatre Emerson Douyon avait traité ces approches d’instables:

La plupart de ces points de vue faisaient allusion tantôt à une structure névrotique, tantôt à une organisation psychotique, tantôt à des conditions intermédiaires de désorganisation de la personnalité à la limite du normal et du pathologique. Cependant, les médecins haïtiens ou étrangers qui ont eu l’occasion d’examiner la question sont unanimes à reconnaitre que la simple observation psychiatrique est absolument insuffisante pour rendre compte d’un phénomène aussi complexe et aussi élaboré que la crise de possession. (Douyon 1969:31)

Le Docteur Mars, dans le même article du nouvelliste précédemment cité où il exprime son rejet des modèles cliniques occidentaux, annonce son choix du vocable “Théolepsie” pour désigner la transe religieuse:

La Théolepsie, c’est le nouveau  terme par lequel je désigne la possession religieuse. (Mars 1976)

Il ne saurait être question de notre part de mettre en question la justesse du choix du terme “Théolepsie”, tant sémantiquement que théologiquement, qu’a fait notre respectable psychiatre. En effet, il signifie précisément “saisi par le dieu”, et i lne s’agit pas nécessairement d’une condition pathologique. Mars a d’ailleurs bien pris soin de défendre en citant à l’appui l’Encyclopédie des religions et de l’éthique. Cependant, compte tenu des attaques dont notre pays et notre vodou ont été victimes à la moindre occasion, serait il prudent que nous adoptions ce mot? Ceci nous exposerait à ce que nos diffamateurs en profitent pour associer la crise Vodou à l’épilepsie, la narcolepsie, la catalepsie, tous termes qui désignent des états anormaux. Il est donc mieux que nous ne prêtions pas le flanc à leur dénigrement, et que nous nous évitions tout malheureux mécompte. Le mot Théomorphose est aussi correct, sémantiquement et théologiquement. En effet, il signifie “Incarnation et transfiguration du Dieu”, pour y adapter une expression de Maximilien. Toujours dans le même article, Mars présente sa nouvelle explication basée, nous dit-il, sur la théorie de la communication. D’après lui, la possession religieuse vodou est un phénomène central de l’animisme afro-haïtien.

D’après Louis Maximilien, l’auteur de le vodou Haïtien, la Kriz lwa n’est pas théomaniaque, parce qu’elle peut être contrôlée par le Houngan ou la Manbo qui ont la capacité de l’inciter, la décourager, l’atténuer ou l’empêcher.  En effet, au cours d’une cérémonie dans un hounfò de Miami à laquelle nous avions été invité, nous avons remarqué que toutes les fois qu’un des participants montrait quelque tendance à avoir une Kriz Lwa, le Houngan et certains de ses assistants s’empressaient à le calmer, ou même à le faire entrer à l’interieur du hounfò. Il se peut aussi que le privilège d’être chevauché par le Lwa, le prêtre se le réservait pour lui même. De fait, le moment venu, on lui apporta un grand fauteuil rouge où il s’installa pendant sa crise, pour que Ogou, en sa personne, reçoive les hommages et entende les demandes de ses fidèles.

Le contrôle par le Houngan et la manbo à tout moment est d’une grande importance, surtout pour le novice, car il leur incombe de façonner l’apprentissage de celui-ci en ce qui concerne la conduite adéquate pendant la théomorphose.

Maximilien affirme que la Théomorphose n’est pas un dédoublement de personnalité. Il l’appelle plutôt une manifestation de personnalité additionnelle, préalablement conçue, parce qu’au cours des crises, le moi n’est pas anéanti. Elle est le résultat d’une longue préparation pendant toute sa vie qui a créé chez le vodouisant une susceptibilité spéciale qui fait partie de son naturel.

Maximilien postule que l’adepte, dès son enfance, est soumis à une ambiance qui lui crée des réflexes qui contrôlent ses réactions. De par sa formation antérieure, il a en lui-même des conditions optima de réceptivité, une formation imprégnée de croyances religieuses qui sera à la base de ses comportements futurs. Maximilien postule que la théomorphose est:

…Un phénomène nerveux, d’ordre suggestif qui se réalise de façon extrêmement aisée chez une catégorie d’individus antérieurement préparés quant aux éléments qui constituent le contenu de la crise et quant au déclenchement de la crise par rapport à l’ambiance. (Maximilien 1945:58)

…/…

ALFRED MÉTRAUX

Métraux commence par faire remarquer certaines apparences d’anomalie au début de la théomorphose:

Dans sa phase initiale, la transe se manifeste par des symptômes de caractère nettement psychopathologique. Elle reproduit dans ses grand traits le tableau clinique de l’attaque hystérique. (Métraux 1958:107)

Toutefois, il ne tarde pas à rejeter ce point de vue en faisant appel au témoignage de Melville Herkovits:

Il y a une vingtaine d’années déjà, Herkovits réfutait cette interprétation en soulignant l’aspect contrôlé et il constitue un moyen normal d’entrer en rapport avec les puissances surnaturelles. Le nombre de personne sujettes à la possession est trop grand pour que leur soit accolée l’étiquette d’hystériques, à moins de considérer l’ensemble de la population haïtienne comme atteinte de troubles mentaux. (Métraux 1958:121)

…/…

Les résultats des recherches sur la transe en Haïti et ailleurs ont été publiés à travers les années, mais nombreux sont ceux qui posent encore les mêmes questions: la théomorphose est-elle du ressort de la théologie ou des sciences occultes? nous trouvons-nous en présence d’états mentaux qui relèvent de la médecine? S’agit-il d’états normaux ou paranormaux dont la compréhension échappe encore à nos hommes et femmes de science?

En réponse: Nil novi usque ad presæns. Rien de nouveau jusqu’à présent. Il est vrai qu’on n’est plus à l’époque conformiste des Dorsainvil et Price-Mars, car il y a eu des changements de méthodologies et d’attitudes apportés par Louis mars,  Maximilien, Métraux, E.Douyon, etc. mais jusqu’à nos jours, les voies empruntées par les chercheurs ont conduit à la postulation d’hypothèses, et non pas à de vraies théories. Arrivera-t-on à valider ces hypothèses?

Après des dizaines d’années de recherches, doit-on conclure que les thèses et hypothèses existantes ne dépasseront pas les limites de leurs frontières actuelles, et que le reste tombe plutôt dans le domaine de la foi religieuse des individus. c’est dire que l’adepte qui agit d’une certaine façon, sans même y penser, le fait parce que sa foi religieuse et le comportement correspondant lui ont été inculqués dès les premières années de sa plus tendre enfance par son environnement. Il s’agit d’un apprentissage, à la “We are born to speak” de Noam Chomsky, c’est-à-dire à l’instar du jeune enfant qui, tout naturellement, fait l’acquisition de sa langue maternelle sans que personne n’ait à la lui enseigner.

Remarquez que nous ne parlons pas de “conditionnement de réflexe”, mais plutôt d’acquisition naturelle d’une capacité mentale.

Pour finir, disons que la science et la logique ont plein droit à notre respect. Mais on doit certes ce même respect à la foi des adeptes; il faut accepter leurs croyances comme elles sont: dans toutes les religions, il y a de ces inexplicables connus sous le nom de mystères, auxquels les fidèles croient. Allez donc demander, par exemple, à un catholique d’expliquer scientifiquement ou logiquement, le mystère de l’assomption!

Étude ethno-descriptive G.A. férère; Ph.D

Je poursuis dans la petite section “chamanisme” avec un texte de l’anthropologue Américain et docteur  en médecine  Roger Walsh. Ce dernier estime que l’existence des esprits, tels que le perçoivent les chamanes, est une question qui ne saurait être définitivement tranchée. Il suggère également que les chamanes font office de pionniers dans l’exploration des capacités encore mal connues de l’esprit humain. Walsh opte ici pour un point de vue agnostique, se situant à mi-chemin entre la conciliation des points de vue scientifique et chamanique  et leur divergence.

Bonne lecture les Ami(e)s.

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Pour être tout à fait honnêtes, nous devons reconnaître qu’aujourd’hui encore, nous sommes dans l’incapacité de réfuter l’éventuelle existences d’esprits (des entités intelligentes, non matérielles, indépendantes de l’esprit du médium contacté) ou leur rôle dans certains phénomènes de “channeling”. Il n’est de loin pas certain qu’il soit possible d’apporter la preuve de leur existence.

Autrement dit, pour adopter une terminologie plus précise, nous semblons être ici confrontés à un cas d'”indétermination ontologique”, ce qui signifie que la nature fondamentale, ou statut ontologique, de la source d’information ne peut être déterminée de façon définitive, parce que l’information disponible ou l’observation peuvent être interprétées de nombreuses manières, sans que nous disposions d’aucune méthode permettant de déterminer avec une certitude absolue quelle(s) interprétation(s) pourrai(en)t s’imposer.

De façon plus concrète, cela signifie que les interprétations individuelles des phénomènes seront en grande partie déterminées par les croyances personnelles des individus concernés, leur philosophie et “hypothèse du monde”. Cette hypothèse regroupe tout l’agencement des croyances fondamentales concernant la nature du monde et de la réalité qui sous-tendent la vie et les activités d’une communauté donnée. La plupart des gens adoptent tout simplement les postulats consensuels de leur culture ou sous-culture, sans prendre la peine de les remettre en question, et interprètent le monde en conséquence.

Ainsi, les décisions des individus concernant la nature des esprits et du “channeling” dépendent en grande partie des préjugés sur lesquels ils se fondent quant à la nature de la réalité.

Par exemple, une personne qui adhère au matérialisme philosophique considère que tout ce qui existe et matière ou dépend entièrement de la matière pour exister. Une telle personne considérera évidemment que les “esprits” très différemment du pratiquant ou du théologien qui croient à un royaume transcendant de pur esprit. Pour le philosophe matérialiste, toutes les sources de sagesse intérieure, d’information, de conseil ou de vision – c’est à dire toutes les entités, voix et images perçues – se limitent à des constructions mentales, n’étant, par conséquent, que l’expression de feux d’artifice neuronaux, probablement détraqués  dans le cas qui nous occupe. De ce point de vue, l’expérience des chamanes tout autant que que les esprits se limitent à des créations de l’esprit, et tous les mondes, esprits ou âmes, ne sont des projections mentales. C’est pourquoi, le matérialiste considérera que les chamanes sont dans l’erreur, dans le meilleur des cas, et psychotiques, dans le pire.

Il en va très différemment pour celui qui croit, au panpsychisme, qui postule que tout, dans l’univers, plantes et objets inanimés compris, est doté d’un certain type d’existence psychologique ou de conscience. Ceux qui se rallient à cette vue n’auront aucun problème à croire qu’au moins une partie des aides, voix et visions rencontrées au cours d’expériences chamaniques sont effectivement des esprits.

Il convient bien évidemment d’admettre que nous ne disposons absolument d’aucun preuve qui puisse nous indiquer que toutes les sources de sagesse intérieure sont de même nature. Pour autant que nous le sachions, certaines d’entre elles peuvent se résumer à des mécanismes de la pensée, donc peu impressionnants, tandis que d’autres peuvent être appréhendées comme une ou des sources transcendantes à l’intérieur ou en dehors de nous mêmes. À l’heure actuelle, il se peut que nous ne soyons tout simplement pas en mesure d’opter de manière définitive pour l’une ou l’autre de ces interprétations. Par conséquent, le seul postulat honnête consiste à adopter un point de vue agnostique concernant les esprits et les médiums, selon lequel nous ne pouvons qu’admettre leur caractère indéterminé et notre ignorance.

Quoique honnête une telle approche n’est guère satisfaisante, pour ne pas dire agaçante et ingrate. Cependant, il se peut que l’agacement qu’elle nous inspire traduise notre propre incapacité à tolérer l’ambiguïté de notre attachement à nos propres opinions et hypothèse du monde. D’autres philosophie et traditions spirituelles nous poussent à reconnaitre que nous ne savons tout simplement pas – ou, plutôt, nous ne pouvons tout bonnement pas savoir – la nature ultime de bien des choses , nous encourageant à reconnaitre le “mystère radical” de l’existence, autrement dit, en langage zen, à sauvegarder un “esprit de non-savoir”.

À la lumière de ce qui vient d’être posé, notre incapacité à décider une fois pour toutes de l’existence des esprits, des phénomènes de “channeling” et des entités non psychiques n’est pas si surprenante, puisqu’elle reflète simplement notre ignorance actuelle et peut-être même l’éternelle limitation de notre mécanisme cognitif. Quoique paraissant peu satisfaisante, une telle approche peut toutefois aider à nous rendre modestes.

Vu les limitations actuelles de notre savoir, que pouvons nous donc conclure au sujet des esprits des chamanes et leurs homologues d’autres nations et siècles révolus? En premier lieu, de nombreux individus peuvent évidemment avoir accès à des sources d’information et de sagesse intérieures pouvant être vécues comme des entités distinctes d’eux-mêmes. L’information ainsi obtenue pourra souvent être banale, dénuée de sens et égotique, mais elle pourra aussi, parfois, être porteuse de sens, pénétrante et dotée d’impact  sur l’existence. Ainsi, il se peut que nous ayons sous-évalué l’envergure et la profondeur des sources d’information disponibles en l’homme, les manières plurielles d’y avoir accès et la fréquence et l’impact du “channeling”. Le “channeling”, par ses effets sur les individus, les cultures et les religions, a changé le cours de l’histoire.

Bien que la nature de ce procédé puisse être interprété de différentes manières, elle tend néanmoins clairement à attirer notre attention sur des sphères et des capacités de l’esprit humain encore méconnues. Il est donc possible que nous nous soyons sous-estimés, de même que la sagesse, l’imagination et le pouvoir créateur qui sommeillent en nous. Les chamanes apparaissent ainsi comme les premiers pionniers à avoir exploré et extrait de telles ressources.

ROGER WALCH 1990

Photo de couverture: art by Jhefferson Saldaña Valera

Impossible de passer outre cette notion dès plus importante si il nous est donné de vouloir présenter Vodou au profane.

 

Les jumeaux (Marassa) vivants et morts sont investis d’un pouvoir surnaturel qui fait d’eux des êtres d’exception. Dans le panthéon vaudou, une place privilégiée leur est réservées à côté des grands mystères.. D’aucuns prétendent même que les marassa sont plus puissants que les Lwa. Ils sont invoqués et salués au début d’une cérémonie, tout de suite après Legba; en certaine régions, à Léogâne notamment, ils ont la préséance sur cette divinité.

Toute famille qui compte des jumeaux parmi les siens ou dans une de ses lignée ancestrales doit, sous peine de châtiment, leur faire des offrandes et des sacrifices. Parfois, une famille frappée par une succession de malheurs apprend de la bouche d’un houngan qu’elle est punie pour avoir négligé les marassa appartenant à sa lointaine parenté, “au temps de la Guinée”. On considère aussi comme marassa l’enfant qui naît avec les doigts adhérents, signe auquel on reconnait qu’il a mangé son frère dans le sein maternel.

Les jumeaux morts sont divinisés et leurs esprits sont d’autant plus redoutables qu’ils ont la réputation d’être – à l’égal des jumeaux vivants – emportés, violents et d’une extrême susceptibilité. Il existe un lien entre les marassa et la pluie. Ils en président la venue et peuvent même la hâter si on réussit à se les concilier par des offrandes. Les jumeaux sont représentés par des images de Côme et Damien, les jumeaux martyrs. Saint Nicolas (qui a ressuscité les trois enfants que le méchant boucher avait mis au saloir) passe pour être leur père, et Sainte Claire, leur mère. Pour obtenir une faveur des Marassa, il convient de s’adresser à Saint Nicolas, la face tournée vers le levant.

Tout comme les Lwa, les marassa appartiennent à différentes Nanchon (Nations). Il y a donc des Marassa Guinen, Dahomey, Nago, Ibo, Congo, Anmine, etc. On appelle “Marassa créoles” ceux qui sont nés en Haïti. Parmi les différentes catégories de marassa, certaines jouissent d’un prestige particulier en vertu de leur étroite association avec les esprit petro qui leur confèrent un certain pouvoir maléfique: ce sont les Marassa Bois. Leur culte diffère de celui des autres Marassa: la nourriture qui leur est destinée est emportée dans les bois et déposée sur les branches d’un arbre. À cette liste déjà longue, il faudrait ajouter, selon Odette Menesson-Rigaud, les Marassa blancs et les Marassa Giro qui seraient des jumeaux morts sans baptême.

Les possessions attribuées aux Marassa sont rares. Ceux dont ils s’emparent se conduisent en petits enfants “autoritaires et capricieux”. Ils se roulent à terre, se relèvent, marchent d’un pas hésitant et réclament de la nourriture.

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marassa

L’enfant qui dans l’ordre des naissances, suit immédiatement les jumeaux – le Dossou si c’est un garçon, la Dossa si c’est une fille – unit en sa seule personne la puissance des deux et possède donc un pouvoir plus étendu que le leur. “Le Dossou est plus fort que les Marassa, plus fort que les Lwa”.

C’est pourquoi il est traité avec le plus grand respect et, lors de la présentation des offrandes, passe avant les jumeaux. Par contre, l’enfant qui est né avant ces derniers – le Choukèt ou Dossou avant – jouit de peu de considération. On dit cependant de lui qu’il a “entrainé les jumeaux derrière lui” (Dosu dévâ ralé marasa dévâ)

La présence de jumeaux dans un famille oblige ses membres à des égards constants et mille précautions. Il suffit de peu de choses pour qu’un jumeau se tourne contre ses parents et que, selon son habitude, il les “saisisse” au ventre, c’est à dire leur inflige des troubles intestinaux graves. Il est vrai que les jumeaux acceptent d’être punis pour une faute qu’ils ont réellement commise, mais ils se vengent cruellement s’ils se croient injustement traités.

Une fois par an, le jour des Rois, le samedi Saint ou à la Noël, la famille qui compte des Marassa vivants ou morts est obligée, sous peine de “châtiment”, de leur offrir un “manger marassa”. Ce sacrifice est du type habituel, aussi n’en retiendrons-nous que les particularités saillantes. Quand un Houmfô de quelques importance rend hommage à tous les jumeaux qui y sont vénérés, le nombre des plats Marassa groupés par nanchon sous le peristyle peut atteindre facilement une cinquantaine. On y dépose le sang des victimes et les offrandes de nourriture. On sacrifie aux Marassa un cabri de robe brune et des poules “peintelées”. La distribution des offrandes, confiée à une mambo, doit être rigoureusement équitable pour ne pas exciter les jalousies de ce petit peuple susceptible. Les tabous propres à chaque catégorie de jumeaux sont scrupuleusement observés. Ils sont de diverses sortes: certains jumeaux ne mangent pas de tels mets, d’autres veulent que leur plat repose sur une feuille de bananier ou sur une natte. ILs ne peuvent souffrir la vue de couteaux, de fourchettes ou de cuillers. Tout manquement à un interdit risque de les offenser et, dans leur légèreté enfantine, ils exercent des vengeances cruelles et souvent disproportionnées à la faute. Les légumes leur sont interdits par crainte, paraît-il, qu’ils ne “gâtent leur puissance”. Les offrandes de nourriture sont enterrées dans trois trous creusés à proximité du sanctuaire – ou de la maison familiale, si la fête y a été célébrée.

img_0525Le repas des jumeaux se termine par le même rite que celui qui, parfois, clôt les fêtes pour les morts. Le reste des offrandes sont mélangés dans une grande calebasse ou une bassine de bois. Un hounsi fait trois fois le tour du péristyle, puis, après avoir à trois reprises montré aux enfants présents le récipient  qu’elle porte sur la tête et leur avoir demandé s’ils étaient contents, l’abandonne à leur gourmandise.  Ceux-ci se jettent sur cette pitance comme une volée d’oiseaux et s’en disputent le contenu. On leur enjoint cependant de ne pas briser les os avec les dents.

Si le repas est préparé pour des jumeaux vivants, ceux-ci sont naturellement les premiers à manger et c’est seulement lorsqu’ils sont rassasiés qu’ils offrent les restes aux invités; on les acclame et on ne cesse de leur demander qu’ils sont satisfaits. Cette inquiétude relative aux sentiments des jumeaux se fait jour dans un chant entonné à cette occasion.

Alfred Métraux

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Je me suis rendu compte chers amis lecteurs que je cite bien souvent des mots, ou des références sans en expliquer la signification et pour un non initié au Vodou je conçois qu’il peut être bien souvent difficile d’en comprendre le sens.

Donc aujourd’hui, je vous présente un petit glossaire pour vous aider à y voir un peu plus clair dans certains articles. Ce dernier sera régulièrement retouché pour y introduire de nouveaux mots utilisés dans les articles à venir.


Ayibobo: Acclamation rituelle qui ponctue la fin des chants rada ou exprime         l’enthousiasme religieux. L’exclamation est accompagnée parfois du bruit que l’on produit en frappant la bouche avec les doigts.

Acassan: Bouillie fort appréciée, préparée avec de la fécult de manioc et consommée avec du lait et du sucre.

Aguida: Archet dont on se sert pour battre le tambour “secondé de la batterie Rada.

Ago: Exclamation rituelle dont le sens est “attention!”

Aouessan: Sautoir en soie porté par les hounsi Kanzo.

Aïzan: Frange faite avec les fibres du palmiste (oreodoxa regia). L’aïzan a le pouvoir d’écarter le mal, c’est pourquoi, est porté par les initiés lorsqu’ils sortent de leur retraite. L’aïzan est souvent suspendue au linteau des portes du Houmfô, au poto mitan ou a d’autres objets sacrés. Il recouvre les offrandes.

Aïzan chiré: Effrangement rituel des feuilles du palmiste qui s’effectue au début d’une cérémonie. L’opération s’accompagne de chants de circonstance et se termine par le baptême rituel du talisman.

Akra: Beignet fait de farine de manioc ou de malanga.

Assein: Tige de fer surmontée d’un petit plateau rond. Il est planté devant l’autel et sert de support à des bougies. Au dahomey, où est l’assein représente les ancêtres, il est un accessoire du culte très important.

Asson: Hochet du Houngan et de la manbo, fait d’une calebasse recouverte d’un filet dans les mailles duquel sont prises des graines de porcelaine, des perles ou des vertèbres de serpent.

Assoto: Tambour de grande taille frappé par plusieurs tabourinaires qui dansent autour de lui. c’est un objet sacré dont la fabrication s’accompagne de longues cérémonies. Il est habité par un Lwa et donc pour cette raison est fréquemment habillé.

Atoutou: Boulette de farine brûlante que les initiés serrent dans leur main à la fin du boulé zin qui termine la période de réclusion.

Badji: Chambre du sanctuaire où se trouve l’autel des Lwa

Baka: Génie malfaisant. Serviteur des sorciers.

Banda: Danse de la catégorie Martinique qui est exécutée par les Lwa Gédés.

Baryè: Barrière en créole Haïtien. Entrée physique ou symbolique du domicile, du Houmfò.

Batterie: Terme qui désigne en Haïti les tambours orchestre.

Bohoum: Rite funéraire qui consiste à frapper avec des baguettes des calebasses recouvrant une écuelle pleine d’eau.

Bòkò: terme dérivé du fon Bokono (prêtre), il s’applique généralement à un houngan qui pratique la magie noire, mais est souvent employé pour désigner le praticien vodou. La notion de guérisseur ou de chamane est également très présente dans le terme Bòkò.

Boula: Le plus petit des tambours rada.

Boulayer: Tambourinaire qui bat le boula.

Boulé-zin: Cérémonie dans laquelle des pots en terre, dans lesquels on fait cuir des offrandes sont enduits d’huile et chauffés jusqu’au moment où l’huile s’enflamme. Le boulé-zin est une cérémonie polyvalente qui partie des rituels d’initiation, de consécration et des rites funéraires. Le feu est censé “chauffer” les Lwa et leur donner plus de force et de vigueur. On expose également les sacra aux flammes des zin.

Bossal: De l’espagnol bosal qui signifie “sauvage. indompté”. Ce mot s’applique aux Lwa qui se manifestent pour la première fois dans une personne et aux hounsi qui n’ont pas encore terminé leur initiation.

Canari: Grande jarre consacrée et cassée pendant les rites funéraires. Les débris du canari sont jetés dans un carrefour. le rite du “Casser canari” est répandu surtout dans le Nord d’Haïti.

Caprelata: Charme magique.

Caprelateur: Magicien qui prépare le Caprelata.

Cassave: Galette de Manioc.

Chapiteur: Individu (souvent un Bòkò) qui pratique la divination en interprétant un passage d’un livre pieux, choisi au hasard.

Chwal: Forme créole du mot “cheval”. Personne possédée par un Lwa.

Clairin: Rhum blanc bon marché.

Croisignin: Littéralement “croix-signer”. Tracer avec de la farine ou toute autre substance une croix sur un objet rituel ou une personne.

Caye: Mot créole signifiant maison.

Caye-Mistè: Maison des esprits ou Lwa. Synonyme de Houmfò ou sanctuaire.

Chansi: Hochet en fer blanc.

Dahomey-z’épaules: Danse rapide qui s’exécute, le haut du corps droit, avec des rotations d’épaules suivant le rythme des tambours.

Divino: Devin. houngan ou Manbo spécialisé dans la divination.

Djévo: Chambre d’initiation.

Dossa: Fille née après des jumeaux.

Dossou: Enfant né après des jumeaux.

Eau-sirop: Mélange fait avec du sirop de batterie (tiré de la canne à sucre) et de l’eau.

Escorte: Groupe de Lwa qui accompagne un lwa important. Ce mot à parfois le sens de “famille” de Lwa.

Engagement: Pacte qui lie une personne à un esprit (bien souvent malfaisant)

Govi: Cruche en terre cuite dans laquelle on fait descendre les Lwa et qui contient des esprits.

Gros-bon-ange: Une des deux âmes que chaque individu porte en lui.

Houngan: Prêtre Vaudou.

Hounsi: Homme ou femme qui a passé par les rites d’initiation et qui assiste le Houngan ou la Manbo.

Hounsi Kanzo: Hounsi qui a passé par les rites d’initiation.

Hountò: Esprit des tambours et aussi le plus grand des tambours de la batterie rada.

La-place: Titre que porte dans un confrérie Vodou, le maitre des cérémonies. Armé d’un sabre ou d’un coupe-liane, il conduit les processions, rend les honneurs aux Lwa et assiste l’officiant.

Lwa: Esprits dans le Vodou.représentés comme les 401 forces de la nature et multiples facettes de Olohoum.

Lwa Racine: Esprit ancestral hérité d’une famille.

Macoutte: Sacoche en feuilles de latanier.

Manbo: Prêtresse du Vodou.

Mangè: Offrandes de nourriture.

Mangè-dyo: Offrandes utilisée dans les rites de consécration. Elle consiste en patates, ignames, malangas, mirlitons, maïs moulu, le tout mélangé et arrosé de sirop et d’acassan. On se sert aussi, dans les rites de sacralisation, de maïs, de cacahuètes grillées et de morceaux de cassaves.

Mangè Guinin: Nourriture offertes aux Lwa rada. Le magè-Guinin ne diffère pas du Mangè dyo.

Mangè Lwa: Cérémonie destinée à nourrir les Lwa auxquels on offre des nourritures diverses.

Monter: Ce verbe est employé dans la possession lorsqu’on parle d’un lwa qui descend sur un fidèle.

Nago: Nom que les Fons donnent aux yoruba.

Nom Vaillant: Nom rituel donné à un houngan ou à une Manbo à la fin de son initiation.

Ogan: Cloche en fer à battant exterieurs. l’ogan peut être un morceau de fer que l’on frappe avec une tige en métal.

Pé: Autel en maçonnerie dans un sanctuaire. On y dépose les cruches sacrées, les pierres des esprits, leurs attributs et les accessoires du Houngan ou de la Manbo. C’est sur le pé que l’on place les offrandes faites aux divinités.

Péristyle: Annexe du Houmfò ayant l’aspect d’un grand hangar ouvert sur les côté. C’est là que ce déroulent presque toutes les cérémonies Vodou et qu’ont lieux les danses rituelles.

Pititt-fey: “Petite feuille”. Membre d’une société Vodou.

Potomitan: Pilier situé au centre du péristyle et considéré comme le chemin des esprits. C’est un objet éminemment sacré.

Pot-tèt: Pot contenant les cheveux, les poils et les ongles…  d’un initié.

Rada: Nom dérivé de la ville d’Allada au Dahomey. Nation de Lwa, rituel suivi pour les Lwa de cette catégorie.

Ranger: Verbe employé pour désigner l’action d’ensorceler un objet.

Repozwa: (Reposoir) Arbre ou tout autre emplacement où un Lwa est censé résider.

Roumbler: Appeler les Lwa par des battements de tambours.

Ségond: Tambour moyen de la batterie Rada.

Service: Cérémonie en l’honneur des divinités Vodou.

Ti-Bon-Ange: Une des deux âmes de chaque individu.

Vèvè: Dessin symbolique représentant les attributs d’un Lwa, que l’on trace sur le sol avec de la farine de maïs, de la cendre, du marc de café ou de la brique pilée.

Vlabindingue: Membre d’une société secrète de sorciers.

Yanvalou: Danse effectuée, le corps penché en avant, les mains posées sur les genoux pliés et qui s’accompagnent d’ondulation des épaules.

Zobop: Membre d’une société secrète de sorciers.

De retour sur ce petit blog, j’ajoute aujourd’hui une nouvelle section qui sera dédiée au chamanisme de manière global (dans le contexte magique comme dans celui de la médecine). En effet depuis quelques temps je me suis réfugié dans l’étude des coutumes de confrères avec qui je partage de nombreux points de vue sur l’invisible, les trois mondes et les états modifiés de conscience. De nombreuses corrélations existent entre les différents “chamanismes” ou cultures animistes des grands continents et il semble intéressant de pouvoir échanger à ce sujet.

Pour le premier partage je vais tâcher de rester accès sur le Vodùn Africain, en vous offrant l’extrait d’un ouvrage de Malidoma Patrice Somé.

Ce dernier est un Boburo (homme médecine) ainsi qu’un devin de culture Dagara, au Burkina Faso. Titulaire  de deux doctorats (la sorbonne et Brandeis University),il est l’auteur d’un ouvrage intitulé D’eau et d’Esprit: Rituel, magie et initiation dans la vie d’un chamane Africain. Dans l’extrait que vous allez lire, l’auteur évoque des projectiles invisibles utilisés par les hommes-médecine Dagara. Ces derniers travaillent “en privé”, ce qui veut dire qu’ils pratiquent leur art en cachette et sans se soucier du bien de la communauté. Ces projectiles ne sont pas sans rappeler ceux dont parlent les chamanes de l’Australie à l’Amazonie. Bien loin du monde des bisounours cher à de nombreux néo-chamanes, ce petit extrait montre que la frontière entre sorcellerie et chamanisme est infime. Certains jugeront ce récit totalement absurde mais pour les plus avisés, il reste le reflet d’une réalité invisible.

Bonne lecture


 

La technique la plus commune dont se servent ceux qui travaillent dans le privé est le lobir, un projectile invisible connu des guerriers des sociétés secrètes. Un lobir peut assumer n’importe quelle forme, le plus primitif se limitant a un objet projeté dans le corps de l’individu, le plus perfectionné étant une chose vivante. Dans ce cas la taille du lobir peut ne pas dépasser celle d’un ver, mais elle peut aussi être bien supérieure, étant uniquement limitée par la capacité qu’a le praticien de guider le projectile.

Les funérailles constituent un contexte idéal pour toutes sortes de guerres de magiciens. Après chaque célébration, un certain nombre d’hommes et de femmes ont la malchance de tomber gravement malades, parce qu’ils ont été, sans le savoir, la cible d’un ennemi ou ont été atteints par un lobir destiné à quelqu’un d’autre. Ceux qui attaquent les gens avec des lobie se cachent et oeuvrent clandestinement. Il arrive qu’ils se rendent à l’enterrement en portant sur le dos d’étranges petits sacs en peau de félin qui contiennent un arsenal invisible pour un observateur non avisé. Ils peuvent aussi se mêler aux chanteurs sans que personne soupçonne leur présence.

Le contenu de ces sacs reste secret, car personne ne vérifie ce que renferme le sac d’un autre. La plupart des hommes, d’autre part, notament les parents proches du défunt, portent sur le dos des sacs de peaux d’animaux lorsqu’ils assistent à un enterrement. Ces sacs constituent une sorte de trousse de premiers secours dagara et renferment des cauris et des objets médecine utilisés pour les soins. Comme les funérailles ne se déroulent pas en cercle fermé, et comme chacun est moralement obligé d’y participer à un moment ou à un autre, différents types de personnes peuvent s’y présenter.

Ceux qui travaillent dans le privé sont capables, la plupart du temps, de frapper leur victime désignée sans se faire remarquer. D’un simple geste de la main, ils peuvent envoyer des projectiles invisibles contre leur ennemi. Une fois touchée, la malheureuse victime ne ressent pas de vive douleur. En fait, elle a avant tout envie de se gratter. Plus tard, toutefois, la démangeaison empire à tel point que la victime, totalement affaiblie, est forcée de quitter l’assemblée à la recherche d’un guérisseur.

Pourquoi une personne vivant au sein d’une communauté tribale voudrait-elle blesser les autres par un tel procédé? Simplement parce qu’une personne mauvaise ressent du plaisir à commettre de tels actions. On dit que cette personne est possédée par les mauvais esprits. Que cela serve d’avertissement à ceux d’entre vous qui s’étaient mis à se représenter la vie indigène sous un jour romantique: Le monde indigène n’est pas un univers où tout se déroule harmonieusement, mais un monde où les gens doivent constamment rester sur le qui-vive, de façon à détecter et à corriger les déséquilibres et les maladies qui affectent aussi bien la vie de l’individu que de la communauté.

Comme les balles tirées du barillet d’un revolver, les lobie peuvent atteindre n’importe qui. De la même façon qu’on doit porter un gilet pare-balles pour ne pas être atteint par des projectiles, on peut avoir un gilet “pare-lobie” magique tout autour de son corps.Toutefois contrairement au gilet pare-balles, dont l’action est limitée, le gilet “pare-lobie” est sans faille.

Une fois construit sur le modèle du système énergétique du corps, il devient une partie de l’individu pout tout le temps qui lui reste à vivre. Qui plus est, quiconque envoie un projectile contre une personne qui bénéficie d’une telle protection risque de se voir frappé en retour pour son propre lobir, étant donnée que ce “gilet” a le pouvoir de défléchir la trajectoire du projectile nocif en direction de celui qui a fait le mal, car , comme on dit dans ma tribu, il est impossible de se défendre contre son propre projectile une fois qu’on le reçoit en retour.

Je me souviens d’une histoire que mon père me raconta un jour au sujet d’un lobir. Il assistait au funérailles d’un ami. Au cours de l’une des danses cathartiques communautaires, il fut frappé à la main gauche par quelque chose qui ressemblait à une abeille. Cette abeille, toutefois, traversa directement sa peau pour disparaitre dans son bras. Mon père pouvait la sentir bourdonner sous sa peau.

La douleur était telle qu’il tomba sur le sol poussiéreux et s’évanouit. On l’emmena à la salle des urgences du guérisseur local, qui examina le lobir qui bougeait et reconnut son fabricant à la vitesse à laquelle la main de mon père se mettait à enfler. Après avoir immobilisé le lobir, le guérisseur, pratiqua une minuscule incision et chassa l'”abeille” en plongeant une fléchette dans le corps de mon père. Lorsque l’abeille-lobir tenta de s’échapper, il l’écrasa avant qu’elle ne puisse prendre son envol. Il donna une potion à mon père pour qu’il puisse reprendre des forces. Avant de regagner la cérémonie, il lui fallut toutefois se laver avec une décoction spéciale, destinée à former un bouclier contre ce type de projectiles invisibles. Depuis ce jour, quoique immunisé, mon père fit très attention aux lobie. J’ai souvent entendu parler d’histoires similaires. Quand j’avais quatre ans, j’ai notamment vu mon grand père extraire du corps des victimes de lobie qui ressemblaient à des os, des aiguilles, des plumes ou de la fourrure. Quiconque, dans ma tribu, ignore ce genre d’avertissement, sous prétexte qu’il ou elle se sent invulnérable, n’exhibe qu’une dangereuse vanité.

Le deuxième jour des funérailles de grand-père, les nimwiedem, “ceux qui ont des yeux” des membres de sociétés de médecine, des initiés, ainsi que des gens qui ont des dons d’observation particuliers  gardèrent un oeil sur ce qui se passait dans leur entourage, de façon à prendre les mesures qui s’imposaient. Une personne ordinaire ne peut pas voir les lobie. Pour avoir cette capacité, il faut savoir comment s’en servir ou être dûment immunisé. Pour le commun des mortels, les lobie peuvent ressembler à quelque chose d’aussi inoffensif que les rayons du soleil, mais pour des voyants confirmés, ils peuvent apparaitre sous la forme, par exemple, d’une multitude de petites étoiles filantes, traversant l’espace à différentes vitesses. Certaines de ces étoiles disparaissent lorsqu’elles entrent en collision avec le corps d’un humain.

Si quelqu’un est touché par un lobir, il ou elle se mettra inévitablement à se gratter quand la chose aura disparu, avertissant ainsi la tireur que le lobir atteint sa cible. Mais, parfois ces minuscules “étoiles” atterrissent sur le sol, mettant en danger quiconque poserait le pied sur elles. La malheureuse victime  peut alors sursauter comme un chat qui aurait accidentellement mis la patte sur un charbon ardent, mais aucune complication ne se manifestera à part une légère brûlure de la peau. Un lobir ne peut faire du mal qu’a celui ou celle qu’il est censé blesser. Mon père m’expliqua un jour que l’une des raisons pour lesquelles certains projectiles manquent leur cible est que celui qui les envoie ne connait pas suffisamment bien le champ énergétique de sa victime. Ainsi, peu après qu’il aura été lancé, le missile ne saura plus où se diriger. Il finit par tomber par terre et, parfois, il meurt peu de temps après avoir été tiré.

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MALIDOMA PATRICE SOMÉ

 

Le vodouisant qui souhaite s’assurer le concours d’un Lwa pour atteindre un but précis ou pour se mettre sous protection mystique peut demander auprès d’une autorité Vodou un Mariage Mystique.

La même initiative peut être prise par une entité qui souhaite s’attacher à un mortel pour une raison précise.

Lorsque l’initiative découle d’une essence tels que les Lwas, l’entité peut dans l’éther s’unir avec le mortel, mais si c’est le fidèle qui décide de se lier, ce dernier devra avoir recours à un canal tel qu’un houngan, une Mambo ou un Bòkò.

Car il est difficile pour un fidèle même initié au premiers degrés de capter l’attention d’un esprit afin de l’inviter à s’unir et il est de toutes façons de rigueur qu’un haut gradé du Vodou se charge de la cérémonie.

Lorsque un Lwa et son conjoint mortel ont prononcés les paroles rituelles et échangés les anneaux en signe de foi promise, ils savent que dorénavant ils auront un destin commun et pourront compter l’un sur l’autre. Qui dit mariage dit aussi obligations et responsabilités. Si le Lwa protège et garde un œil attentif sur le mortel, ce dernier doit recevoir de la part de son fidèle compagnon des présents et des attentions toutes particulières. Chaque semaine, une nuit sera dédiée à l’essence épousée, cette nuit sera déterminée par le Lwa choisit. Durant cette nuit, le fidèle devra réaliser un service Vodou pour l’entité, et ne devra se réserver qu’à son époux mystique jusqu’à l’aube.

Accorder la dite nuit à un mortel équivaudrait à un adultère et certain lwas savent se montrer très jaloux! Les conséquences peuvent être dramatiques pour l’époux terrestre.

Beaucoup de Vodouisants ne franchissent pas le cap et ne s’unissent pas en raison des frais élevés de la cérémonie. Car c’est au fidèle de fournir les offrandes et apparats et nombreux également prennent peur vis à vis de l’importance de l’engagement.

Dans de nombreux Houmfors le Mariage Mystique est réalisé sous les apparats d’un mariage traditionnel , avec témoin et dignitaires religieux, un contrat en bonne et dues formes et rédigé et signé de la main de l’époux terrestre.

Le père Savane du Houmfor prononce les formules rituelles.

Les deux anneaux sont passés au doigt de l’époux terrestre, l’entité est invoquée selon le protocole qui lui est rattaché.

Mariage Mystique avec Ezili Dantor par Mambo la belle Déesse. (Montréal)

Mariage Mystique avec Ezili Dantor par Mambo la belle Déesse. (Montréal)

Libations, tambours, apport d’offrandes, le marié terrestre in fine, devient le chwal et tombe en transe, possédé par l’entité rattaché à lui. Les transes cessent souvent brusquement et la fête se termine par la série des danses en l’honneur des principales divinités Ginen.

Le mariage mystique n’est donc pas un vulgaire rituel à ajouter à la liste des services et actions du Vodou. Ce dernier n’est pas non plus le fer de lance du Vodou Haïtien. Il remonte à de vieilles traditions de l’Afrique.

Chez les Ashanti de la Côte d’or, lorsqu’une essence souhaite s’unir à un mortel, elle se jette sur lui et le fait tomber en transe.

Chez certaines tribu d’Amazonie, de nombreux sorciers se lient d’un pacte avec ce qu’ils appellent un Yoshi afin de pouvoir sceller un partenariat mystique. Et le protocole ressemble fortement à un mariage.

Donc réfléchissez bien les amis avant de vous engager, car le Mariage Mystique est une démarche sérieuse. Il est de toutes façons de rigueur à mon sens que l’époux ait déjà connaissance de l’essence à laquelle il devra s’unir pour le meilleur… Et pour le pire.

Le service Vodou, ou communément appelé dans le culte “Sèvis Lwa” est une cérémonie en l’honneur d’une ou de plusieurs divinités offerte par ceux qui les vénèrent ou par les officiants d’un Houmfo. Bon nombre de ces solennités s’appellent Manjè Lwa, parce  que l’un des moyens dont dispose un serviteur pour montrer sa fidélité à ses Lwas et obtenir leurs faveurs est de leur offrir leurs mets favoris.

Service Ogou Ferraille

Service Ogou Ferraille

Les lwas attendent à ce que ces services soient organisés régulièrement. C’est l’un des prix qu’ils imposent aux vodouisants pour que leurs prières soient exaucées. Même pour les services qui ne portent pas le nom de Manjè, le cérémonial de la religion exige que des aliments soient préparés rituellement, présentés aux lwas et consommés par les Chwal. Les manjè représentent également l’occasion de festivités sociales dont l’éclat dépend des circonstances du moment et des moyens de l’amphitryon. Ils peuvent être offert  en rapport avec les vivants ou les morts. Parmi les plus importants citons:

…/…

La liste est encore longue, nous détaillerons chacun de ces rites plus tard.

Contrairement à ce que croient généralement les profanes, la plupart des services Vodou ne se font pas au secret. À l’exception de certaines phases de l’initiation Kanzo et du Pran Ason qui se déroulent à l’intérieur du Djévo, les cérémonies sont ouvertes au public. D’ailleurs elles sont en même temps des réunions sociales auxquelles sont invités non seulement les membres de la congrégation, mais aussi leurs parents et amis, et les voisins. Et même un étranger, un inconnu, ou un curieux qui se présenterait en respectant les règles normales du savoir-faire sera reçu courtoisement.

Le déroulement des cérémonies n’est pas régi par une standardisation rigide. Il varie avec les Lwa honorés, le but du service, les vœux des fidèles, les décisions des Houngan et Mambo et est sujet aux goûts et coutumes du temple, de la ville, du Lakou. …/…

Quelques petits détails peuvent donc changer mais le canevas principal reste le même quasiment partout. Au début des cérémonies et conformément à l’étiquette établie, les dignitaires se saluent par des gestes rituels appropriés à leur grades respectifs: Génuflexions, pirouettes simples ou multiples, signes de la tête et des main, prosternations, le baise-terre étant de tous le plus obséquieux, etc…

Après les premières salutations viennent les prières et invocations au “Gran Mèt” Olouhoum!!! soit en Français, soit en Créole ou en Latin. Le premier lwa à être invoqué dans toutes les cérémonies est toujours Legba, gardien de toutes les clés, patron des foyers et maitre des chemins, intermédiaire entre le Gran mèt et les autres Lwa et à qui tout le monde chante:

PAPA LEGBA, LOUVRI BARYÈ A POU MWEN

ATIBON LEGBA, LOUVRI BARYÈ A POU M PASE.

VODOU LEGBA, LOUVRI BARYÈ A POU M ANTRE

M VIN SALYE LWA YO

papa Legba , ouvre-moi la barrière,

Atibon Legba, ouvre moi la barrière que je puisse passer,

Vodou Legba, ouvre moi la barrière que je puisse rentrer

Je viens saluer les Lwas.

…/…

C’est ensuite le traçage des vévés sur le parquet du Péristyle par un Houngan  ou une Mambo. Pendant ce temps les chants du chœur et le rythme des tambours invitent déjà l’assistance à ce préparer pour les danses. Après une intervalle de musique et de danses, on procède à la présentation des offrandes et au rituel du sacrifice. Suivent les danses rituelles au son de la musique des tambours, de l’ogan, du triangle des flûtes, des sifflets et des chants du chœur des hounsi. Cet aspect artistique  de la religion et l’un des plus intéressants et revêt une importance capitale.

C’est au cours de ces danses que se produit le phénomène le plus fascinant du Vodou: L’incarnation des Lwas que nous appelons THÉOMORPHOSE.

ÉTUDE ETHNO-DESCRIPTIVE G.A.FÉRÈRE

Sans pour autant solliciter l’intervention d’un praticien confirmé, il est possible de se défendre contre les nuisances légères au quotidien par le biais de dérivateurs qui ont pour fonction de détourner, neutraliser et dissoudre les forces psychiques dirigées contre soi. Je ne m’attarderai pas sur la longue liste de dérivateurs que nous pouvons utiliser pour dévier un voult , car la plupart nécessitent des opérations de consécrations et de valorisations précises… Je vais tenter d’attirer l’attention du profane en citant quelques matières qui oeuvrent bien souvent par un phénomène d’absorption et qui peuvent se trouver assez facilement sans pour autant demander une investissement trop élevé.

En voici quelques exemples:

L’EAU

Sauberes Wasser für alle!   L’action occulte de l’eau n’est plus à prouver en Magie. Eaux lustrales, eaux bénites, eaux miraculeuses sont très régulièrement utilisées dans les communautés Vodou comme dans plusieurs autres systèmes de croyance. Le pouvoir fixateur et neutralisateur de l’eau en font une protection sans faille. Cette dernière fixe les forces errantes, elle les gardent, et à son tour fait fonction d’accumulateur au même titre qu’une charge. Afin de se protéger de nuisances de type envoûtement, le premier moyen est de disposer à proximité de votre lit un récipient rempli d’eau. Certains confrères préconisent d’ajouter une dose importante de gros sel et ou d’encens dans le dit récipient afin d’associer les fonctions de fixation et d’absorption. Cette eau peut être ordinaire mais il est toujours mieux d’utiliser de l’eau bénite ou de l’eau de Fons Sacræ (fontaines sacrées) qui sont nombreuses sur le sol français. Pour faire un petit clin d’œil à une amie et artiste Française de grand talent, je vous recommande de vous rendre à la fontaine de Barenton en forêt de Brocéliande. Vous pourrez vous procurer cette eau magique prochainement sur le site du Lakou sans lune.

Fontaine de Barenton (Brocéliande)

Fontaine de Barenton (Brocéliande)

Concernant le contenant , il n’est pas d’importance mais est souvent conseillé d’utiliser un récipient en terre vernis à l’intérieur. Dans le cadre ou de l’eau ordinaire est utilisée, il faut changer cette dernière matin et soir et laver le récipient à grande eau avant de remplir ce dernier de liquide propre.

LE CHARBON DE BOIS

charbon de bois   Un produit des plus absorbant, le charbon est utilisé dans l’industrie pour purifier l’eau. En effet, le charbon actif végétal a pour particularité d’attirer les molécules nocives ou chimiques qui pourraient persister dans l’eau, il est également utilisé pour détruire les gaz délétères. Son action d’absorption des miasmes et fluides errants est également d’une puissance qui n’est plus à prouver, voilà pourquoi ce dernier est à citer dans les dérivateurs. Pour tirer profit de son action dans le cadre d’une défense, il suffit de placer ce dernier dans une assiette creuse. disposez plusieurs assiettes dans les endroits stratégiques. Sur le pas de porte intérieure (la porte, baryè symbolique), sous le lit au niveau de la tête car l’opérateur à la source de la nuisance cherchera à oeuvrer la nuit. Mais de manière générale, les assiettes seront à placer dans les endroits sombres de l’habitation. Les charbons seront gardés sept jours et jetés ensuite au feu, dans un cour d’eau ou mis en terre. Mon Papa Hoodoo, le docteur Jean-Daniel Georges confectionnait des Sacs Mojo contenants gros sel et rondelles de charbon (de peuplier). Les sacs étaient portés sur soi… Toutes les semaines les rondelles étaient brûlées. Je reprends régulièrement ce procédé avec la charge de substitution pour les personnes prises sous le joug d’une attaque légère. Le charbon absorbera de grandes quantités de mauvaises énergies envoyées par l’adversaire. Un allié fiable et un complément d’utilité dans tous travaux.

LE VINAIGRE

10978714-bouteilles-d-huile-et-de-vinaigre-sur-fond-blanc Dans la culture Cajun le vinaigre tient une place importante, nous ne présentons plus le vinaigre des quatre voleurs mais sans aller jusqu’à la confection de ce dernier, le vinaigre pur, lui, est bien souvent utilisé dans le cadre de bains mystiques afin de déclencher un phénomène d’absorption pour les nuisances et miasmes provoqués par des voults énergétiques. Le vinaigre ne peut en aucun cas traiter l’égrégorique… Versez dans votre baignoire l’équivalent de 200 ml de vinaigre (vous pouvez rajouter du gros sel ou autres) et plongez dedans. Il s’agit d’un complément à l’utilisation d’autres dérivateurs, et n’est pas le plus efficace en cas d’attaques sérieuses et continues. Je tiens en passant à remercier Arnaud THULY pour avoir cité notre petite référence cajun dans son ouvrage Purification, principes et méthodes.

LE SEL

gros-sel-de-cuisine_001 L’INCONTOURNABLE!!! De tout temps et dans tous les courants, le sel est cité comme étant le dérivateur par excellence. En bain mystique ce dernier vous apportera tout ses bienfaits au niveau corporel, mais le sel est également utilisé pour décharger nombreux objets pollués. De nombreux Houngans, Mambos et Bòkòs utilisent souvent de l’eau de mer comme base à la conception de leurs bains mystiques. Cependant sa qualité de dérivateur est souvent employée selon le protocole suivant et ceci depuis longtemps: Disposez plusieurs bols (céramique de préférence) contenant un sel pure aux quatre coins de votre chambre à coucher. Qu’il s’agisse d’énergies résiduelles ou de charges, ce dernier prouvera son efficacité dans un temps rapide. Dans un délais d’une semaine, le sel contenu dans les bols sera jeté au feu, dans un cour d’eau ou mis en terre et un sel purifié sera replacé dans les contenants. Utiliser le gros sel pour la protection d’une maison est ainsi non seulement pertinent, mais éprouvé depuis des millénaires.

Voici un petit tour d’horizon des principaux dérivateurs. Les pierres, les ondes de formes, la bière, les encens, les talismans, les pointes sont également réputés pour aider à dissoudre ou dévier les énergies malfaisantes…

Ces procédés sont cependant et dans leur ensemble employés en parallèle d’une action occulte lorsque la nuisance est trop importante et ne suffisent pas à contrer un acte trop violent. Mais au quotidien, ces derniers vous aideront cependant à garder votre intégrité physique psychique et éthérique contre les nuisances légères.

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En prenant le temps de se promener dans les forêts, les campagnes et les endroits reculés, on constate à la croisé des chemins des moitiés de calebasse, des restes de rubans cramoisis, des morceaux de cordes, parfois quelques objets ou curiosités comme des restes de bougies ou d’ossements.

Une personne avisée sait qu’un praticien du vaudou est passé par là et que ces éléments sont les traces d’une office ayant été réalisée.

Il est utile de savoir que les bòkò, Oungan et Mambo se rendent aux carrefours la nuit pour mener à bien certaines pratiques car il est le lieu de rencontre entre divers plans de conscience, le pont entre le royaume des esprits et la réalité dite ordinaire, entre le visible et l’invisible.

Il est la résidence de multiples entités, un espace de rencontre entre l’officiant et “ses collaborateurs”.

Dans le cadre de ses pratiques Le praticien y prélève de la terre pour composer des remèdes, déposer du matériel pour provoquer le malheur, ou guérir un consultant en y déposant les objets chargés ayants provoqués le mal.

Dans le vaudou les croisées de trois, quatre ou cinq branches sont habitées par le Lwa Mèt Kalfou (Maitre carrefour), lwa du rite Makaya et de la famille Makaya Kafou. Il est celui qui donne accès au monde invisible des Lwas. L’officiant qui sollicitera l’appui d’un Lwa ou bien d’un autre devra s’adresser Au Mèt Kalfou afin de l’informer de ses objectifs pour tout acte de Magie et de Sorcellerie. Rien ne s’entérinera sans son autorisation. Il est le Gardien de ce lieu!

Quant au cimetière,  il s’agit du même principe. Un lieu ou résident de nombreuses âmes défuntes, ou les Esprits sont nombreux, un lieu ou le contact peut être établit ou l’intercession peut être sollicitée.

Le Cimetière est le lieu ou réside le Bawon Samdi  (Baron Samedi) Lwa du Rite Gédé et de la Famille BAWON. Une entité importante, considéré à juste titre comme le maitre du cimetière et des âmes défuntes.

C’est à lui que l’on s’adresse lorsque le but est de lancer une Expédition, entrainer la mort ou la maladie, ou lorsque il faut soigner une personne prise sous le coup d’un sort, afin de renvoyer la charge à la source. Le Bawon Samdi sera le lwa à invoquer pour tout ce qui touche à la mort. Il sera le décisionnaire de toutes actions et demandes réalisées dans ce domaine et le cimetière sera le lieu parfait pour entreprendre une démarche collaborative avec cette entité.

La croix du Baron Samedi dans le cimetière de Port aux Princes (Haïti)

La croix du Baron Samedi dans le cimetière de Port aux Princes (Haïti)

Le cimetière pour les Vodouisants est également le lieu parfait pour honorer les âmes défuntes. En Europe il est difficile d’exercer en plein jour les libations, l’apport d’offrande pour nourrir les défunts ou toutes autres pratiques d’intercession avec les morts car ces genres de pratiques sont souvent perçues d’un mauvais oeil.

Voilà pourquoi les officiants s’y rendent plus souvent la nuit et limitent les actes réalisés. Mais en Pays Ayiti, le recours au cimetière et aux défunts qui y résident apparait parfois utile en matière de guérison ou tout autre acte de dévotion et il est tout à fait compris et accepté que ce lieu puisse être investit par les officiants du culte Vodou ainsi que par l’ensemble de la communauté Vodouisante.

Nombreux Oungan et Mambo réalisent en ces lieux les étapes nécessaires à un traitement chamanique et s’y rendent en dernier recours lorsque la fréquentation d’un carrefour ou d’un houmfô n’a pas suffit à apporter la guérison désirée.

Voilà un petit tour d’horizon de ces deux lieux incontournables dans les pratiques du Vaudou. Soyez donc prudents lorsque vous vous baladerez. Si jamais vous veniez à trouver certaines reliques dans un de ces deux espaces, vous saurez qu’une personne œuvrant avec les esprits ne réside pas très loin.

La plus redoutable des offices de la pratique main gauche: L’envoi des Morts ou Expéditions!!!!

La victime de ce genre de rite, celui qui devient la proie d’un ou plusieurs morts que l’officiant a lancé contre lui maigrit, crache le sang, tombe dans la confusion mentale la plus déroutante et finit par s’éteindre avec rapidité et de façon définitive. L’issue de ce sort est toujours fatale sauf dans l’hypothèse ou un houngan, une Mambo ou un Bòkò bien avisés n’arrivent à diagnostiquer le mal mentionné et arrivent à faire lâcher prise les âmes furieuses en réalisant une Contre Expédition.

ST EXPEDIT

ST EXPEDIT

Les Expéditions se font sous les auspices de Saint-Expédit que l’on invoque, mais l’aboutissement et la réussite de l’action dépend du bon vouloir de Bawon Sam’di, maître des gédés.

Lorsque le Bòkò aura récité la prière de st Expedit et aura frappé à trois reprises la pierre consacrée au Dieu en répétant son nom, il deviendra le Chwal du Bawon qui s’exprimant par la bouche de l’homme lui ordonnera de se rendre dans un cimetière afin de déposer les offrandes adéquates devant la kwa…. son symbole!

Il lui faudra ensuite prélever une poignée de terre pour chacun des morts (suicidé, enfant, adulte, soldat) qu’il désire envoyer à l’offensive et répandre les échantillons de terre sur un chemin ou passera la personne cible.

Que son pied foule la dite terre, que cette dernière soit enjambée…. L’issue sera la même.

Il existe bien d’autres méthodes pour lancer une expédition et encore aujourd’hui ce genre de pratiques sont courantes dans les provinces Haïtiennes et dans les contrées où séjournent les sorciers issus du Vodou.

Rappelez vous néanmoins que les morts sollicités pour ce genre de travaux seront bien plus exigeants avec l’opérateur qui aura invoqué leurs actions. Exigeants et sans aucune pitié si ce dernier venait à oublier le contrat qui le rattache à ces âmes dérangées dans leur repos.

Très souvent certains consultants viennent à ma rencontre en m’affirmant avoir été victime d’un envoûtement alimentaire. 

L’envoûtement alimentaire n’existe pas et cette rumeur est colportée par des pseudos sorciers, voyants et autres marabouts qui profitent, évidemment, de façon lucrative de la peur engendrée par cette fausse croyance.

En effet, de nombreuses personnes s’imaginent qu’un aliment peut à la façon d’un condensateur être valorisé ou être chargé par un éggrégore négatif afin de nuire à la personne qui l’ingérera.  Or, il n’en est rien.

Pour qu’un individu ait cette sensation il faut qu’il tombe sur ces sorciers manipulateurs qui, profitant de leur faiblesse, vont leur administrer, à leur insu, des substances végétales et parfois animales comme la Tetrodotoxin que l’on trouve dans le poisson globeCelles-ci ont des effets psychotropes, qui à la manière de certaines drogues, vont agir sur la conscience afin de déclencher un état modifié qui plongera la victime dans un délire hallucinatoire, cassera en elle toute forme de lucidité et permettra à “l’envoûteur” d’instiller chez cette dernière la conviction profonde d’une attaque occulte. Cette conviction alimentée par les croyances de la victime et nourris par le prétendu sorcier amèneront la personne à générer un sentiment d’oppression profond propice à la création d’une légion de formes pensées émotionnelles. Doucement mais surement l’auto-envoûtement se mettra en place.

La composition de ces recettes est souvent gardée sous silence, l’effet désiré étant de briser le seuil de la volonté chez la victime afin que cette dernière accepte plus facilement les suggestions données.

Ce genre de méthode est monnaie courante en Afrique du Nord ainsi qu’en Afrique centrale.

En Afrique, par exemple, lorsqu’un consultant vient auprès du sorcier pour demander un retour d’affection ou un envoûtement d’amour envers une personne, il lui est bien souvent donné un sachet de poudre, qui sur instruction du Marabout devra être placé en catimini dans la nourriture de la femme ou de l’homme à envoûter. Le postulat étant que la dite poudre à été chargée grâce à telle ou telle entité !

Dans 98% des cas, on leur donne un mélange aphrodisiaque qui provoquera, chez la victime, un désir sexuel irrépressible et, comme bien souvent, de nombreux différents de couple s’arrangent sur l’oreiller, le consultant pensera par la suite que l’envoûtement a fonctionné.

Malheureusement, ce genre de procédés alimentaires ne se cantonne pas à l’Afrique, j’ai vu ce même type de pratiques effectuées en Amérique du Sud. En effet, certains Brujos (sorciers) usent du Peyotl ou autres plantes enthéogènes telle que la Datura de façon détournée afin de faire plonger des personnes dans une espèce de folie passagère.

De même, ces techniques ont été aussi employées dans les campagnes française ou il fût maintes fois prouvé que certaines sorcières usaient de plantes telle que la belladone pour plonger en Enfer leurs victime.

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Ainsi, certaines personnes victimes de faux pandits (ou sorciers de pacotille) et faux Guru aux techniques similaires se sont bien souvent retrouvées avec des lésions hépatiques  catastrophiques, d’autres sont restées avec des séquelles irréversibles sur le plan psychologique.

Mais il n’y a, in fine,  pas une once de Magie dans la pratique.

“Bonjour Monsieur Le sorcier Vaudou, je veux pas faire de rituel, ni contacter vos esprits, et je sais que beaucoup d’arnaque se font sur le vaudou, d’ailleurs est ce que le vaudou ça marche? on n’en sais rien en fait!!! mais je voudrai une poudre (ça je sais que ça marche) pour que ma collègue de bureau tombe éperdument amoureuse de moi!”

Lorsque j’ai reçu cette question elle m’a interpellé. Cette phrase, en effet, emplie de contradictions et de fantasmes est en soi la réalité de ce qui circule sur internet. Des fausses informations, des propos contradictoires, des rêves que l’on vend sans scrupule. Le postulat est le suivant je veux que ma collègue de bureau tombe amoureux de moi, trouvez-moi la poudre adéquate.

D’aucuns sur la toile usent et abusent de la crédulité des demandeurs. Car se procurer des poudres et des bains Vodou, oui tout le monde peut en trouver et avec une facilité déconcertante.

Des poudres, bleues, jaunes rouges, des lotions aux fragrances ordinaires que l’ont peut acquérir pour quelques euros, que l’on utilise comme un produit de consommation courante sans pour autant avoir la nécessité de croire en ce que l’on fait.

Des poudres avec mode d’emploi délivrées par des commerçants qui in fine n’ont rien à voir de près ou de loin avec le vodou, et surtout des plateformes certes attractives de par leur design et surtout par les prix proposés mais qui vendent pour reprendre une expression ancienne des “poudres de perlimpinpin”. Des poudres vendues par des commerçants dont les fournisseurs n’ont rien à voir de près ou de loin avec le vodou et qui affirmeront que l’utilisation de ces matériaux n’est simplement qu’une forme d’auto suggestion pour l’acquéreur. Doit-on jeter la pierre sur ce type de commerce qui vend du rêve ? Suis-je habilité à avoir un jugement ? Sans nul doute. Mais, faire la chasse aux sorcières n’est en rien ce que je suis. J’aimerais simplement expliquer ce que sont les réelles poudres, ce que sont les authentiques bains et lotions que nous fabriquons, nous serviteurs des esprits : Bòkò, houngan, mambo, docteur feuilles et chamans. Il est une évidence et je vais sans doute enfoncer les portes ouvertes mais il est impossible de produire en usine ce genre de produits qui ne se fabriquent pas à la chaîne pour être empaquetés, étiquetés et vendus aux profanes avec juste un mode d’emploi pour quelques euros.

Il est nécessaire de rappeler que le vodou est un système de croyance complexe orienté vers le culte des esprits et des ancêtres, Une poudre, une lotion, un mélange pour bains et frictions sont, avant toute chose, conduits et fabriqués dans un but précis pour la personne qui en fait la demande, pour un soin de l’âme ou du corps ou pour l’obtention d’un but précis. Le praticien effectue la conception en état de conscience modifié ou à l’issue d’un état de conscience modifié durant lequel le Lwa (esprit) invoqué pour la demande aura donné son aval et qui l’ aura, ainsi, guidé sur les éléments à incorporer.Il sont également un complément pour l’accompagnement spirituel (en introduisant les coutumes et traditions dans vie de la personne sollicitant vodou), ainsi que pour des demandes faites aux esprits (la poudre peut faire acte d’offrande).

Le commanditaire de ceux-ci doit avoir de son côté une participation active et comprendre, dans cette démarche spirituelle, l’appui des lwas invoqués à sa demande.

En effet ceux ou celles-ci sont la matérialisation d’une intention lancée, et la personne sollicitant l’intervention doit être dans la plus grande des cohérence vis à vis du support utilisé et son approche de ce dernier. Ces poudres et bains sont des mélanges complexes d’éléments (minéraux, végétaux, témoins corporels de la personne commanditaire, terre de cimetière, souffre, peau de serpent, os, poils d’animaux, et nombreuses autres choses), des mélanges bien souvent dictés par les esprits eux mêmes, des mélanges qui sont ensuite consacrés, valorisés dans le cadre de cérémonies bien spécifiques.

Mais le support ne sera qu’une partie bien évidement de la démarche car si on sollicite les esprits pour une aide, toute une hygiène spirituelle sera à adopter et le praticien guidera le consultant jusqu’à obtention du but recherché.

D’autres poudres et bains sont réalisés pour traiter une maladie, pour ré-harmoniser les énergies, pour enlever un mal et dans ce cas précis, les esprits ne sont pas forcément invoqués en appui (sauf pour les cas d’expédition et de contre expédition). Dans le cas d’un traitement l’opérateur trouvera les trésors que la terre mère offrent pour soigner la personne : plantes, racines, fleurs, pierre, parfums d’influences etc. Car les Oungans, Mambos et même Bòkòs dignes de ce nom ont des connaissances indiscutables en herboristerie, phytothérapie, lithothérapie et autres.

Certains supports (poudres, eaux et aussi wangas) sont également conçus pour nuire à une personne ou un groupe de personne, le commanditaire demande donc au praticien de concevoir une charge destinée à nuire à ses ennemis. Dans ce cadre là, le Bòkò avec l’appui de certain Lwas Petwo procède à la conception du support, et lorsqu’il s’agit d’une poudre ou d’une eau, ces dernières sont utilisées en complément d’un rite parallèle où l’appel à certaines entités est effectué.

Aussi, pour en revenir à cette personne à l’origine de mes propos que j’ai retranscris en début d’article, la seule chose que je puisse lui répondre, est qu’une poudre ne fera pas à elle seule tomber une personne amoureuse d’une autre.

J’aime souvent à rappeler à mes consultants que je ne suis pas commerçant, et que venir à Vodou de la même façon que l’on passe la porte d’un supermarché est forcément annonciateur d’échec dans la démarche car sans la foi, sans la conviction et sans le respect dû aux esprits ; Il est préférable de tenter la séduction par des moyens plus conventionnels.

PAPA LORAY GWONDÉ.

Le tambour chamanique! Tous les praticiens chamaniques qu’il m’eut-été donné de côtoyer l’utilisent et dans de nombreuses pratiques animistes ce dernier est là et tient, pour la plupart du temps, la même place! Outil utile et nécessaire pour ouvrir les portes de l’invisible et attirer à soi les guides qui nous sont chers. Outil pour le voyage dans l’inconscient mais pas que…

Le tambour a son envie pouvoir, a son énergie propre, voir parfois sa volonté propre. On le rencontre, comme je viens de l’écrire chez tous les peuples chamanistes et là où on ne le trouve pas actuellement — comme chez les Kirghizes et les Bouriates  — de sérieuses données semblent démonter qu’il y fut autrefois en usage et n’a été abandonné qu’à une époque relativement récente.

Un tambour de chaman est constitué par une membrane en peau, tendue dans un cadre en bois en forme circulaire ou ovale. Les petits tambours ronds son caractéristiques  des peuples qu’on désigne sous le nom de paléo-artiques, tandis que les grands tambours ovales sont l’apanage des Toungouses, des Yakoutes et de quelques autres groupes apparentés. La membrane de la plupart des tambours est ornée de figurations de l’univers ou de divers éléments du monde mythique, que le chaman tient ainsi en main. Le battoir comporte toujours la figuration d’un génie: Le porte-voix du chaman.

Les sons variés que le chaman tire  de son tambour — tantôt intenses et menaçant, tantôt doux et mélodieux — l’aident, suivant les circonstances, à éloigner, en les terrorisants, les esprits qu’il combat, ou au contraire, à attirer, en les charmant, ceux dont il sollicite le secours.

Dans le Vodùn, le vodou Haïtien et les nombreuses pratiques issues de l’Étoile Ginen, ce dernier fait partie intégrante des cérémonies religieuses, il est enraciné solidement dans nos Offices, tout comme le hochet. Il n’est donc pas pour nous Vodouisants un simple instrument de musique, il est également un objet sacré et même la forme tangible d’un esprit, et comme pour tout esprits, les tambours ont besoin des hommes  pour renouveler leur énergie et leur force. Les sacrifices et offrandes faites aux tambours font partie des obligations rituelles des sosyete Vaudou afin de rendre respect à ces derniers.

“Le coucher Tambour” ou “Bay mangé tambou” représente la cérémonie principale d’hommage à cet outil. Les tambours sont placés sur des feuilles de bananiers, des vévés les représentants sont également tracés à proximité et comme pour les Lwas invoqués, ils reçoivent leurs offrandes et des libations d’eau effectuées avec le pot rafraichissoir.

Le tambour est un Esprit et comme pour tout Esprits, le vodouisant le sert avec conviction et force.

La fabrication même des tambours  s’accompagnent de rites et de précautions qui suggèrent la sainteté de l’objet et contribuent en même temps à l’investir d’un caractère mystique. Avant même l’abattage de l’arbre qui servira à concevoir le Tambour, le Houngan effectue une office d’adoration aux lwas qui, une fois l’instrument terminé, pourront répondre à sa voix.

Dans la cavité creusée on fait couler du clairin (eau-de-vie produite à partir de la canne à sucre); ensuite et avant même que ce dernier prenne place dans le houmfô pour être intégré au office, le tambour et valorisé et consacré par un baptême solennel. Cette pratique de consécration se retrouve dans de nombreux courants mystiques, tout ce qui prend part à une pratique spirituel doit être consacré afin de lui retirer son caractère profane.

Dans ce cadre de cette office de consécration les tambours sont vêtus d’apparats aux couleurs des Lwas et celui que l’on nomme “Père-Savane” leur attribut un nom.

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Chaque famille de Lwa possède son propre type de rythme que les musiciens doivent suivre afin d’amadouer l’esprit. 

Pour exemple, la nature des Tambours affectés au culte des Lwas Rada (Les lwas racines dont l’origine remonte au temps ancien de l’Afrique)  reproduisent le tambour Dahoméen, la caisse, taillée dans un tronc d’arbre et de forme troncônique; la membrane, en peau de bœuf ou de chèvre, est tendu au moyen de chevilles renforcées par des cordelettes. Ils sont souvent peints de couleurs vives de façon symboliques.

On ne joue jamais des tambours Rada isolément mais toujours par groupe de trois. Identique de forme, ils sont de tailles différentes, le plus grand, l’Adjountò ou manman, mesure plus d’un mètre, le second (Hountò ou ségond) occupe une place intermédiaire entre le précédent et le troisième, le Boula, dont la hauteur varie entre 40 et 50 centimètres.

Chaque Tambour sont battus avec un rythme différent et de façon différente, le manman est battu avec la main et un maillet en bois, pour le hountò on reste assis, le tambour placé entre les jambes avec la paume des mains (à la façon d’un djembé) ou avec la main gauche et une tige fourchu à la main droite; Le boula toujours en verticalité est battu avec deux baguettes.

Est utilisé également l’Ogan, cloche en métal que l’on fait résonner avec une tige de fer, L’ogan attaque le rythme, suivi par le boula, le ségond et la manman.

C’est à la voie du rythme qu’on attribue le pouvoir d’attirer les Lwas, et fait tomber en transe les Chwals.

Dans le culte pétro nous retrouvons deux tambours de tailles inférieures au Rite Rada. Il s’agit du Gros Baka ou Manman et ti-Baka.

nous les reconnaissons à la forme de leur attache en Y.

Dans le culte Congo nous trouvons trois tambours de taille différentes appelés, Manman, Timebal et ti-congo. Ces derniers ressemblent au percussions européennes tant par la forme que par leur conception.. Deux autres tambours sont utilisés en accompagnement des principaux, il s’agit des crié et des ralé. Un tambour apparait également dans les cérémonie ou Zaka est invoqué, il s’agit du Djouba ou martinique, ce dernier est utilisé lorsque Zaka réclame par la bouche d’un Chwal, qu’on exécute pour lui la danse de ce nom. le Djouba est un tonnelet à douves. Deux musiciens peuvent en jouer simultanément.

Pour le culte Ibo, les tambours sont en caisse cylindrique et doivent obligatoirement être constitués de peaux de mouton.

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Cependant aucun tambour n’égale en sainteté le Grand Assoto! Colossal et mesurant pas loin de deux mètre de hauteur, ce dernier est utilisé dans des circonstances solennelles.

Le sacrifice au tambour Assoto comporte une série de cérémonies exceptionnelles en l’honneur de plusieurs Lwas. L’Assoto est un idole voir un fétiche, il doit être taillé dans des bois prescrits par la tradition, bien souvent dans du mahaudème (Ochroma pyramalis Cav).

Il est prescrit de le couper à la pleine lune et la membrane qui le recouvre doit être placée à midi sonnant.

La cérémonie d’investiture ou l’âme est placée dans le tambour nécessite sept ou trois fois sept parrains et marraines. La cérémonie en elle est d’une complexité qui ne serait être expliqué ici, ce qu’il faut comprendre c’est qu’outre le fait d’être un outil servant à faire le lien entre la réalité dite ordinaire et le monde spirituelle, le tambour possède une âme et ce dernier est élevé au rang d’esprit dans le coeur et l’âme du vodouisant.

Voici un tour d’horizon des tambours utilisés dans le culte Haïtien, ces derniers revêtent une importance pour l’appel aux esprit et la mise en transe des officiants, pour les praticiens et acteurs des cultes amérindiens, sibériens, mongoles et autres, vous retrouverez des similitudes indiscutable entre le Vaudou et votre culture. Les chants, le tambours, le hochet, sont depuis la plus haute antiquité sont utilisés pour faire le lien entre la réalité ordinaire et les plans de conscience supérieures. Ils sont un outil de voyage, un outil de communication, pour certain un outil de divination.  D’ailleurs à chaque fois que des états par le passé on voulu sévir contre le paganisme, ils ont commencés par proscrire l’usage de cet instrument.

Dans de nombreux systèmes de croyance, il est fréquent de tenir les Esprits en respect en leur apportant des offrandes pour les remercier de leur présence, ou de l’aide qu’ils apportent et pour laquelle nous les avons implorés.

Un serviteur des Esprit ne s’adresse rarement aux Lwas sans en retour leurs apporter les aliments, parfums, minéraux, végétaux que ces derniers aiment et demandent en l’échange de leur intercession. Dans le Vodou Haïtien, les Mangé lwas (repas rituels) sont composés conformément aux recettes Haïtiennes, mais la nature spécifique des aliments, la façon de les préparer et de les servir obéissent à des règles strictes et si ces dernières étaient ignorées, le danger serait grand! En matières culinaires, les lwas sont difficiles et ont leurs exigences, comme beaucoup d’entités du monde du milieu (Le monde du milieu… un autre sujet de discussion). À titre d’exemple, tout les aliments préparés pour Legba doivent être boucanés (grillés sur le feu).

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Offrandes à Aïda Wèdo

Le choix des aliments et autres, la façon de les apprêter sont souvent déterminés par les attributs symboliques et le caractère des Lwas ou par la classe à laquelle ces derniers appartiennent. La manière dont les offrandes sont présentées à l’esprit est également fixée par l’office. Chacun des principaux Lwas vénérés dans un sanctuaire possède une grande calebasse (assiette Ginen), peinte de sa couleur et décorée de ses emblèmes, dans laquelle on lui sert les aliments qui lui sont destinés. Les lwas Ibo, par exemple reçoivent leur offrandes dans un plat oblong, appelé Ékuey ibo (écuelle des Ibos), et on attire leur attention par un rythmes spécial battu avec une baguette sur le rebord du récipient. Selon la catégories des Lwas et les circonstances, les offrandes non consommées par les chwal (les personnes chevauchées par les esprits), sont enterrées , jetées dans un courant d’eau, ou abandonnées à un carrefour.

Lorsque le chwal dévore les aliments préparés pour l’esprit qui est en lui, c’est l’esprit et non pas lui qui est censé en profiter. Pendant l’office ou sont déposés les mets offerts aux lwas sollicités spécifiquement pour le travail, le Maitre d’œuvre fait le tour de la maison, jetant à la volée du maïs grillé, des cacahuètes et des morceaux de cassaves pour les entités et les esprits des morts qui rôdent aux alentours et que l’office, les chants et le son du tambour aurait pu attirer.

Ils peinent à pénétrer le péristyle mais eux aussi ont faim et si ils n’étaient pas tenu en respect ou oubliés, ils pourraient se venger. Un esprit même faible et humble, devient du extrême dangerosité lorsqu’il est irrité.

Parmi les offrandes se trouvent également des nourritures, boissons, parfums et autres curiosités qui ne sont pas destinés à contenter l’appétit ou les besoins des Lwas mais qui possèdent des vertus intrinsèques justifiant leur utilisation dans des rites de consécration, de valorisation ou autre.

Les Offrandes sont donc un élément essentiel pour celui ou celle qui voudrait entretenir un rapport étroit avec les entités des trois plans de conscience, les esprits ne sont pas nos serviteurs, vous ne pouvez pas exiger leur aide sans vous rabaisser à votre condition d’humain! Ils ne vous entendront et prendront en considération vos attentes une fois que sera assimilé de façon sérieuse que NOUS, hommes et femmes, sommes les serviteurs des Esprits!

Le contre envoûtement est à ce jour l’acte majeur en matière de protection. Ce qui le différencie du désenvoûtement est que ce dernier agit tant sur le plan préventif, que curatif… et reste la seule solution durable à tout les problème de nuisances.

Il s’agit d’une technique de contre transfert qui permet de renvoyer les effets d’une nuisance à son origine, ou à sa source, en inversant la procédure. C’est un retour à l’envoyeur utilisant la force de l’adversaire et la puissance de celui-ci augmentée de celle propre à l’opération de dégagement.

Plus l’influence est forte et puissante, plus le contrecoup sera rude et catastrophique pour celui, ou ceux qui sont à la génèse de cette nuisance.

Le contre-envoûtement utilise certains principes de l’envoûtement et on retrouve la présence d’une dagyde à condensateur ou d’un support équivalent… Cependant à contrario de l’envoûtement le support sera utilisé dans un sens positif.

Le rituel qui intervient après la phase de confection et de vitalisation se déroule le temps d’une lunaison (28 jours), parfois plus. Les autres aspects de l’office sont une combinaison de phénomènes de transfert et de charge utilisée dans un contexte de dégagement.

…/…

Le contre envoûtement se décompose en plusieurs phases:

a) Cérémonie de consécration de la Dagyde ou du support.

b) Vitalisation de cette dernière et identification de la statuette à la victime qui doit absolument être présente

(La vitalisation est une opération symbolique permettant de sensibiliser le support, généralement par un apport d’élément corporels et une opération de consécration).

c) Opération de transfert de la victime vers le support. Cette opération très délicate est très risquée pour l’opérateur, elle implique également une participation active de la victime.

d) Désenvoûtement proprement dit.

e) Dissolution des énergies résiduelles.

f) Clôture du rituel, et début du cycle de 28 jours de travail pour l’opérateur (sans la présence de la victime qui elle entre dans une phase de convalescence).

Le contre envoûtement fonctionne d’une manière très logique, ce qui explique son efficacité.

Dans tout problème d’envoûtement on peut considérer qu’un lien invisible, véritable fil conducteur, s’établit entre le sombre praticien et sa victime.

L’influence maligne se dirige depuis la source de l’envoûtement en direction de la victime. Cette accumulation progressive de l’influence se produit insidieusement au niveau du subconscient, par petites doses régulières qui empoisonnent peu à peu la personne qui à ce niveau, est totalement inconsciente du danger. Ce germe constitue l’amorce du processus.

et engendre les symptômes que l’on connait

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Après avoir constaté les symptômes et vérifié le bien fondé de l’opération, le praticien va préparer la Dagyde ou le support. Celle-ci est en tout point comparable à une statuette d’envoûtement, dans laquelle se trouvent les éléments corporels du sujet (cheveux, ongles, salives, sang), avec éventuellement les éléments actifs formant le condensateur.  Ce support une fois confectionné, constituera une sorte de “double” de la victime, la parfaite substitution.

Dès ce moment, le praticien effectuera une office toute particulière pendant laquelle sera effectué un transfert de sensibilité.  Cette phase de transfert est celle qui demande la participation active de la victime. Les variantes rituelles sont introduites pendant cette phase. Selon la nature et l’ancienneté de la nuisance, il est plus ou moins facile d’effectuer ce transfert. La participation du sujet a pour but de faciliter l’émergence de la “programmation” en produisant un rejet de celle-ci, par mobilisation des énergies internes. Ce processus que l’on nomme communément catharsis en psychologie, peut donner lieu à un véritable psychodrame. Il existe heureusement des techniques très simples et rapides pour obtenir des effets. Une fois le transfert effectué par l’opérateur, celui-ci va réaliser une opération classique de dégagement qui sera clôturé par un rite de clôture destiné à isoler le sujet.

Dès lors que cette suite d’opérations est terminée, le schéma de l’influence est considérablement modifié. Une fois que le support sera vitalisée et que le transfert sera effectué, la Dagyde, véritable “double” de la victime, la remplacera du point de vue de la réceptivité. Le fil conducteur symbolique reliant la source de nuisance à la victime sera désormais “rattaché” à la statuette. Le transfert agira à deux niveaux:

1) Il s’effectuera de la victime vers la Dagyde amorçant ainsi le processus d’élimination.

2) Il permettra à l’influence d’être canalisée directement vers la dagyde qui remplacera la victime. L’ensemble constitue un piège subtil d’une grande efficacité, ainsi que l’indique le schéma.

L’influence sera dérivée sur la dagyde qui remplacera la personne cible , sans que l’envoûteur ne puisse se rendre compte de la substitution! Ce dernier point est très important car, en très peu de temps, l’état de la victime va s’améliorer (Une quinzaine de jours statistiquement selon l’état de santé du sujet et l’ancienneté de la nuisance). L’envoûteur sera peut être tenu au courant de cet état de de fait. Inquiet il va vérifier. Cependant, le résultat de ces investigations sera stérile, car le fil conducteur est bien attaché “à un objet” qui correspond aux caractéristiques de la victime, pensant que l’envoûtement passe moins bien, notre cher et tendre praticien de l’ombre va renforcer son action qui ne fera que charger un peu plus le support des nuisances…

Pendant les 28 jours d’opérations qui suivent la phase de transfert, le support va accumuler en interne les nuisances comme une batterie automobile qui se charge progressivement, de façon concomitante la victime recouvrera ses forces en continuant de rejeter les miasmes qui la perturbe encore.

À l’issue du cycle lunaire le support sera soigneusement enveloppé et isolé pour éviter tout contact direct, sera enterrée en pleine terre au pied d’un arbre (de préférence un vieux chêne).

La présence de l’arbre est indispensable, car très efficace pour accélérer le processus d’élimination. L’arbre sert de catalyseur à la réaction.

La statuette va se dissoudre en terre progressivement, ses éléments (cire, argile, éléments corporels, condensateur) vont se désagréger. la charge qu’ils retiennent n’ayant plus de support va se trouver libérée et repartir…. D’où elle vient!!!! C’est à dire à la source de la nuisance, directement chez l’envoûteur, car une charge d’envoûtement suit une loi bien naturelle, celle du moindre effort, elle va repartir en suivant le fil conducteur qui la relie à la source.

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L’avantage de cette opération est qu’elle constitue une protection absolue sur le long terme contre de nombreuses attaques, car à chaque tentatives d’agressions les influences seront déviées à l’endroit même au la première charge fût enterrée, et ceci même si il ne reste rien du support et rien de l’arbre… Le phénomène d’ancrage bien connus dans toutes les traditions en est le responsable!

ref: P.Manoury, R.P Sabazius, O.C.J.K

lakou lakay ayiti

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Soumis à Tout Haiti le 2 Novembre 2012

Par Norluck Dorange — “Pour ceux qui se livrent à toutes sortes d’élucubrations ou d’inventions sur le rite Guédé, je veux leur offrir ce petit résumé sur la vraie histoire des Guédés, espérant apporter ma modeste contribution à leur quête fiévreuse du savoir Vodoun”

Les Guédés étaient une famille, une Nation, une communauté qui partage en commun: une langue, des coutumes, les mêmes interdits et quelques rituels traditionnels. Leur territoire était situé sur le plateau d’Abomey, ancienne capitale du royaume du Dahomey, zone comprise aujourd’hui entre Zogbodomey, Bohicon et Abomey au Bénin.

Genèse du rite Guédé:

L’histoire des Guédés repose sur un mythe fondateur, similaire à d’autres ayant préexisté à la création d’une majorité de clans en Afrique. Cette communauté à l’époque, était frappée d’une calamité. Une sorte d’épidémie. Les gens en mouraient quotidiennement, par dizaines. Comme toute nouvelle maladie décimant les contrées ou les communautés, aucun remède n’existait encore. Les médecins traditionnels étaient pris au dépourvu. On se rebattait sur les prières et supplications aux divinités. Aucune amélioration, aucune solution à l’horizon. Les croyances ou systèmes spirituels prennent le pas. Ils deviennent naturellement des voies de recours. Comme dans tout système humain. On suppliait les ancêtres, ceux qui se trouvaient déjà dans l’autre monde, d’indiquer la feuille, la racine, l’écorce, la partie de l’animal, ou la combinaison d’éléments précités pour composer la fameuse potion qui guérira les malades, qui empêchera la maladie de vider le ventre de la communauté. Devant les échecs répétés, il fut décidé, selon les consultations, que le fils aîné du chef de la collectivité accepte de s’offrir en sacrifice afin d’apporter le message personnellement aux ancêtres, au pays des morts, Fètomè. En échange, il fallait excepter la règle stipulant que soient restés inconnus les lieux de sépulture des rois et des princes. Au cas où sa mission sera couronnée de succès, donc si la potion est révélée, son tombeau devait être marqué d’une pierre sur laquelle tous les membres de la communauté viendront faire leur libation de sodabi (clairon local) en demandant la guérison pour les cas de maladie grave. Ce qui arriva. Ce qui fut fait. Ainsi, a été le point de départ de ce rite couplé (mort-vivant/vivant-mort) qui prit le nom du fils aîné Guédé, et qui devint par la suite le nom du clan.

Les Guédévis et la Fondation du Dahomey

Au commencement était le Dahomey ou DAN-HOME. Traduction en fongbe: Dans le Ventre de Dan. Dan, c’était le roi des Guédévi ou fils de Guédé. Celui-ci avait dirigé sa communauté sans problème jusqu’au jour où un des petits fils d’Adjahounto, Ganye Hesou, sortit d’Allada, vint établir son royaume dans la région. Des années de suite, un de ses descendants, le roi Houégbadja (1645-1685) se mit à réclamer de temps en temps, une nouvelle parcelle pour élargir son royaume. Une énième fois, le roi Dan s’énerva et lance à son incommodant voisin: finalement vous allez vous établir dans mon ventre. Une vive discussion s’en suivit. Houébadja, répondit: “Je vais vous faire la guerre. Là où vous serez enterré, je planterai le pieu qui indiquera le point à partir duquel mon royaume sera élargi.” La guerre éclata effectivement entre les deux. Le roi Dan perit. Houébadja y planta effectivement son poteau sur le tombeau du roi Dan. Puis, entama une série de guerres de conquêtes et de soumissions des royaumes voisins. Cette pratique sera poursuivie par au moins quatre générations de ses fils qui se succèderont au trône d’Abomey, devenue la capitale du DAN-HOME, de plus en plus élargi.

Quand le roi Agadja le Dossou se fut rendu victorieux de Savi et de Glexwe (aujourd’hui Ouidah), il devint automatiquement l’interlocuteur des négriers européens qui opéraient déjà des raids au niveau des côtes Africaines pour s’emparer des groupes d’hommes et de femmes devant être emmenées sur les plantations en Amérique. Les négociations entre Agadja le Dossou et des Négriers Français aboutirent à la déportation, particulièrement vers Haiti, d’un fort contingent de Guédés. Ceux-ci étaient considérés comme des dissidents et des insoumis, conservant une rancune personnelle aux détenteurs du pouvoir à Abomey. Les Guédés étaient particulièrement gardés à l’oeil depuis qu’ils furent soumis. Ils étaient particulièrement craints, à cause de leur maîtrise des rites mortuaires. Selon le Hérissé, un ancien administrateur colonial français du Dahomey, Les Guédés développaient des rapports étroits avec leurs défunts au point où, il leur fut interdit de conserver les crânes dans leurs résidences. Les rois d’Abomey déléguaient un droit de supervision des funérailles au sein des communautés Guédés, afin d’empêcher les Guédés de détacher les crânes des corps des défunts avant les inhumations.

Evolution des Guédés en Haiti

Si le rite Guédé a constitué la face visible du Culte des Morts dans le Vodoun en Haiti, ce fut l’oeuvre des premiers écrivains – des non-Vodouisants- sur le Vodoun, qui avaient concentré leurs observations sur l’évolution de la spiritualité africaine en Haiti dans quelques régions du pays, surtout dans le département de l’Ouest. Les visites dans les cimetières lors des 1er et 2 Novembre, marquent surtout une sorte d’ingestion des célébrations réservées aux défunts par le calendrier des catholiques, la seule religion chrétienne admise dans les territoires colonisés par la France rédactrice du Code Noir. Les chrétiens, envahissant les cimetières pour honorer la mémoire de leurs défunts, les Vodouisants vont s’attrouper autour de la Croix représentant le Baron, le premier homme enterré dans ce panthéon. Quoi donc de plus raisonnable que de trouver dans cet espace Chrétien, une forêt de croix, quelques symboles récréant dans l’imaginaire de ces africains transplantés, les principes fondateurs d’un rite perdu. Le Baron qui n’existe pas dans les cimetières Dahoméens, devient par un jeu d’association, le lieu symbolique du Guédé, enfouit dans la forêt perdue d’Afrique. La croix (symbole Chrétien) du Baron (premier enterré) a remplacé la pierre sous laquelle furent enfouis les restes du fils Aîné (Guédé), celui qui choisit d’apporter personnellement le message aux ancêtres. Ainsi, le Baron en Haiti a permis la perpétuation du geste, la mise en scène rituelle du contact, à partir du lieu de sépulture d’un ancien vivant, avec le monde invisible, Fètomè ou Pays sans Chapeau. Fètomè est le lieu de résidence des défunts où règnent et se côtoient les divinités ou LWAS. Le crédo Africain s’entend, tout ce qui se passe dans le visible se prépare, se planifie d‘abord à partir du monde invisible.

Le Baron rempli également une fonction de Legba. Je ne m’aventurerai pas à expliquer des faits/mystères réels réservés aux initiés. Sauf que je parlerai des accoutrements. Imaginer des chrétiens au cimetière de Port-au-Prince, richement vêtus d’habits noir, mauve, ou blanc, qui viennent prendre part à la messe chantée à la petite chapelle plantée au milieu. Ensuite, ils longent les ruelles étroites entre les caveaux pour aller allumer des cierges, déposer des bouquets de fleur, brûler des encens sur la tombe de leurs défunts. Et en parallèle, des Vodouisants, pauvres qui s’attroupent autour de Baron, eux aussi, vêtus de mauve, de blanc ou de noir, leur cierge allumée, balbutiant des prières aux ancêtres, des plus proches aux plus lointains, exposant leurs peines et difficultés quotidiennes. Ils déposent ensuite, une cigare, une tasse de café, une bouteille de cola, un morceau de pain, du maïs grillé. Deux formes d’expression, l’une, l’appropriation des moeurs et la culture de l’ancien colonisateur; l’autre plus proche de l’univers cognitif du Vodoun, Pourtant les deux expressions se convergent dans l’essentiel qu’au fond le Guédé, dans ses réjouissances et son discours, va s’exclamer: Gade yon Kaka, Lanmò pa fout konn gran mouche.

La fête de la mort en Haiti et au Dahomey

Mais, au Dahomey, la mort est une fête. A l’opposé des rites ralentis, tristes et lents du christianisme, le Vodoun est célébré dans la joie, les éclats de rire, la danse, la musique rythmée des tambours. Les pratiquants du rite Guédé, en Haiti, font la démonstration qu’existent des esprits qui peuvent incorporer temporairement un vivant, par le test de la prise du piment frotté les zones sensibles du corps: le sexe et des fois, les yeux. Les déhanchements ou gouyades participant de cette gestuelle qui ironise leurs pairs chrétiens , victimes à leurs yeux d’une évangile qui leur présente la mort comme un accident, une peine sanctionnant “l’homme déchu”. Alors que la philosophie pratique africaine apprend que tout ce qui vit, doit mourir; humains, végétaux et animaux et que l’homme ne saurait échapper à ce principe qui régit tout être vivant sur la planète Terre, le plateau du Lwa Sakpata. Les accoutrements et déguisements du Guédé, ses brassages avec des ossements humains ont pour but d’injecter une certaine dose d’humanisme aux vivants trapés dans l’individualisme égoïste (bénédiction personnelle), l’orgueil et les vanités. C’est ce qui fait du Guédé, le Vodoun Philosophe, pas parce que ses messages sont trop simplets, recouverts de dehors dits grossiers. “Pa fout gen zo ki pat gen po sou li”, ou “Tout homme est le produit d’une gouyade”. Justement, la Gouyade du Guédé, ne rappelle-t-elle pas la morphologie du spermatozoïde?

Les célébrations du rite Guédé varient suivant la région et les origines des familles Vodoun en Haiti. Contrairement à Port-au-Prince et ses environs, dans l’Artibonite, les Vodouisants ne pratiquent aucun rituel dans les cimetières devant la croix du Baron. La période du mois de Novembre fournit l’occasion aux divers sanctuaires de cette région, de réaliser la fête des Braves, nom que prend le rituel des morts, et ayant des formes similaires au Guédé. Ces célébrations combinent sacrifices et offrandes en l’honneur des défunts, des ancêtres, des Lwas du panthéon Guédé. Participants et adeptes expriment leur réjouissance à travers des chants et des danses et la consommation des nourritures et boissons sacrées. Certains lakous, comme Soukri Danache, (un sanctuaire Congo) rendent hommage aux Guédés en leur consacrant la dernière journée de leur période de célébration des divinités/Lwas Congo. A Souvenance, un sanctuaire qui a reproduit les rituels de la Cour Royal du Dahomey en Haiti, les Guédés continuent à être réprimés. L’adepte qui est subitement emparé par un Lwa Guédé, est sorti de la scène des réjouissances. Le duel Fongbe/Guédé se prolongeant ainsi jusqu’en Haiti.

Le Guédé Tomè ou Pays Guédé n’existe que dans les souvenirs aujourd’hui au Bénin pour des causes historiques liées à la fondation de cette Nation d’Afrique de l’Ouest. Des descendants de Guédé se sont retranchés dans leurs communautés, réduites à des îlots épars et discrets localisées dans tout le plateau d’Abomey. J’ai pu visiter le Guédézoumen ou La Forêt de Guédé où se trouvent encore l’arbre et la pierre de Guédé. Sans un lieu public, les cérémonies en l’honneur de Guédé se réalisent sans éclats, dans l’intimité des concessions et enclos réunissant des Guédévis ou descendants des Guédés. En marchant à Abomey et à Bohicon, il n’est pas rare de voir plantées devant des parcelles, des pancartes métalliques portant le nom du propriétaire dont le nom de famille est Guédé ou Guédévi. Deux hôtels pour voyageurs et touristes de passage de Bohicon portent le nom de GUEDEVI.

Le mythe fondateur du rite des Guédés, s’il était su, apprécié et respecté, pourrait valablement contrebalancer les arguments des prêcheurs de carrefour, les “Négriers des âmes” des Haïtiens qui participent ardemment, naïvement, et sans état d’âme à l’oeuvre de dé-culturation en Haiti, en répandant un mythe équivalent d’un sacrifié pour le salut de certaine communauté humaine. Il n’y a pas que les judéo-chrétiens à être détenteurs d’un mythe de l’homme salvateur. L’histoire des Guédés en est une. Tout comme l’histoire de la Reine des Baoulés, Abla Pokou, en est une. Les Baoulés sont une des nations composantes de la Côte d’Ivoire d’aujourd’hui.

Norluck Dorange

 

 

Le désenvoûtement est un rituel basique, très simple, efficace et qui ne demande pas un investissement pécuniaire trop important. Cependant il est d’utilité de préciser que le désenvoûtement présente la particularité de n’être que curatif et non préventif à contrario du contre-envoûtement.

L’office pour être efficace doit être effectuée par un opérateur endurci et formé avec la participation du sujet. Sa présence est indispensable car l’action agit au niveau énergétique et nécessite que le patient participe activement.

L’office centrale est de courte durée et en général ne dépasse pas la demi heure. Ce type de rituel est comparable à un exorcisme, à la seule différence que cette procédure appartient au domaine de la magick et n’implique en rien l’utilisation ou le concours d’un égrégore religieux.

L’exorcisme est une opération sur des entités démoniaques, le désenvoûtement est une opération destinée à combattre un travail d’origine sorcière, ou magique. Il ne s’agit pas des mêmes causes, c’est pourquoi un exorcisme ne peut apporter aucune aide en matière de désenvoûtement.

Dans le cadre d’un désenvoûtement (ou dégagement), l’opérateur donnera un certain nombre de conseils qu’il convient de respecter, ceux-ci sont d’ailleurs valables pour les opérations majeures de contre-envoûtement.

Il est préférable dans la journée précédant la cérémonie de s’abstenir de consommer de la viande, en particulier de la viande de porc. Non pour des raisons religieuses, mais plus prosaïquement pour des raisons énergétiques et de digestion. L’idéal est que le patient se contente de repas léger (fruits, légumes, salades, éventuellement œuf ou un peu de poisson, pas d’alcool ni de vin. Si le consultant est une femme, il est préférable que le rituel se déroule en dehors des périodes de règles (au moins trois jours avant ou après). Ce conseil est également valable pour une opératrice, sous peine de perturber le rituel et de le rendre dangereux pour la consultante ou l’officiante (même si il s’agit de l’assistante d’un praticien)

Les vêtements ont également une grande importance. La procédure de dégagement, désenvoûtement et contre -envoûtement, outre l’aspect magique, de ces opérations est en relation avec les systèmes énergétiques subtils qui gouvernent l’ensemble du corps. On comprend l’importance des vêtements qui ont la particularité de modifier parfois considérablement le rayonnement d’un individu, soit en l’absorbant, en le bloquant ou en le perturbant d’une manière imprévisible. Ces perturbations sont souvent occasionnées par les vêtements en fibre synthétiques, isolantes et souvent électrostatiques. Certaines tenues vestimentaires isolent le corps et bloquent la circulation énergétique au niveau des centres vitaux et des chakras, perturbant gravement l’économie, l’échange et la circulation des énergies naturelles. Il convient d’éviter absolument le tergal, nylon , acrylique et d’une manière générale toutes les fibres non naturelles, en particulier au niveau des sous-vêtements.

Dans le cadre d’un rituel de désenvoûtement, de contre-envoûtement et dans toutes les cérémonies de ce type, l’opérateur comme le participants, devront revêtir des tenues ample, en coton, en laine ou en toile de lin. À l’origine la tenue la plus conforme était la nudité, sans aller jusque-là, on pourra s’habiller avec des tee-shirt ou des vêtements de coton léger.  On évitera également la présence de sous-vêtements, de ceinture et d’objets métalliques qui dispersent les énergies (bijoux, bracelets, collier, montres etc.).

Un rituel de désenvoûtement demande un certain recueillement, et l’opérateur demandera au consultant de se mettre dans un état de relaxation et de demeurer silencieux.

L’opération de désenvoûtement demande parfois plusieurs séances, pour lesquelles la présence du consultant est requise à défaut de charge de substitution. il convient de ne pas s’inquiéter si le nombre de séances est important, cela ne signifie pas que l’opération n’a pas réussi, mais plus simplement qu’il existe des “strates” plus anciens qu’il convient de nettoyer au fur et à mesure de la progression du travail.

Le désenvoûtement est une opération de dégagement, qui ne vous assure aucune protection ultérieure! Si la source de nuisances persiste ou que vos adversaires recommencent une nouvelle procédure à votre encontre,  un nouvel envoûtement se profile, et à court terme le problème se présentera de nouveau. Ce problème de renouvellement, également valable pour l’exorcisme, implique la nécessité de devoir recommencer l’opération à chaque fois qu’il y a une nouvelle nuisance. C’est une des raisons pour laquelle cette technique est de moins en moins utilisée malgré l’avantage de ne nécessiter d’aucune préparation.

De nombreuses personnes me demandent bien souvent de leur expliquer le fonctionnement des poupées vaudou (qui semblent à elles seules , être la représentation parfaite de la magie Hoodoo), et il est d’utilité à chaque fois pour moi, de préciser à mes interlocuteurs que la poupées ou Dagyde n’est absolument pas le fer de lance de la culture vodùn.

Comme pour de nombreux autres points dans le processus Magic, ce système d’envoûtement se retrouve dans de nombreuses croyances et sur l’ensemble des continents et ceci depuis la plus haute antiquité. Il n’est absolument pas un élément unique et qui trouve sa source dans le Vodùn, ou la Hoodoo. Le système de croyance Vodou rejoint sur de nombreux point les procédés égrégoriques et symboliques de nombreuses autres pratiques. La tradition kabbalistique se retrouve dans de nombreux syncrétismes et certaines lois sont identiques dans les différents courant de la pratique Magic.

Définition et fonctionnement de la Dagyde

La poupée ou Dagyde est le processus d’envoûtement par excellence, le plus efficace et le plus universellement connu. Il est de haine ou d’amour et la seule différence étant la volonté de l’opérateur et les gestes rituels effectués sur la Dagyde. Une personne avisée comprendra que l’efficacité du procédé d’envoûtement par Dagyde est le meilleure moyen d’appuyer la volonté de l’opérateur et quoiqu’on en dise la Volonté est le principal ingrédient de toutes pratiques ésotériques.

Le principe consiste à incorporer la sensibilité de la future victime dans une matière condensatrice de force neurique, sur laquelle on pourra agir tout à son aise. Les éléments de cet envoûtement sont donc triple: une matière condensatrice, la sensibilisation de la matière, l’envoûtement proprement dit de la matière sensibilisée, qui est devenue ainsi le prolongement direct de la victime.

Conception d’une Dagyde : simple et avancée

Dans les courant de magie juives et arabes plus particulièrement dans la tradition Kabbalistique il est recommandé d’utiliser une cire d’abeille pure mêlée d’une proportion d’un tiers d’argile rouge pour modeler la Dagyde de la personne à envouter; on peut remplacer cette petite statuette par une plaque de gélatine dessinée en forme de figure humaine, par un oeuf non fécondé, par du velours de laine, par de la graisse, par des animaux. On utilise en magie Chinoise des simples figures en papier.

Les opérateurs qualifiés utilisent des Dagydes différentes en ce sens qu’ils ajoutent à la statuette de base un composé nommé condensateur. Ce condensateur est un produit préparé par l’opérateur selon des prescription rigoureuses. Il s’agit d’un mélange d’huile d’olive, dans laquelle sont mêlés des oligo-éléments, des complexes d’essence et plantes et éléments métalliques et cristallins en relation avec la typologie planétaire du sujet.

Ce condensateur à la propriété de correspondre à la nature astrologique du sujet et d’accumuler rapidement (et de les conserver) les charges énergétiques et émotionnelles produites lors du rituel.

Quand on fabrique un voult, il faut lui incorporer le vie fluidique de la personne à envouter; c’est ici qu’intervient toute l’ingéniosité de l’opérateur. Ce sont, comme pour la conception des charges de protections ou certains Wangas, des parties même du corps de la victime qui sont mêlées à la statuette:  sang, rognures d’ongles, cheveux, poil ou mieux encore, de la salive, du sang menstruel, du sperme, parfois de l’urine et des excréments, au pis aller des objets ayant été en contact intime avec lui: lainage, bas, mouchoir, linge et, que l’opérateur malaxera avec la matière qui doit ainsi se “sensibiliser” rapidement et devenir une partie lointaine mais vivante de l’envoûté.

Parfois, enfin, quant l’opérateur ne peut avoir aucun objet, il utilisera une lettre, un mot signé par l’envoûté futur, ou, même, il lui suffira de toucher le corps: main, pied, de la future victime et d’en charger le voult. (Voult ou volt, vient du Latin vultus qui signifie figure, visage.)

Il a été fréquent dans l’histoire de voir des envoûteurs d’amour utiliser une mèche de cheveux et quelques gouttes de parfum habituel de la femme que l’on veut envoûter d’amour. Ces deux témoins sont les plus fréquent dans la Hoodoo et dans l’ensemble des pratiques Cajuns.

Autrefois, rarement maintenant, l’envoûteur par la figurine de cire, faisait baptiser la petite statue et lui faisait donner le sacrement de la confirmation par un prêtre indigne afin de “vérifier” plus encore la représentation de la victime.

Il faut bien s’imaginer que l’envoûteur de haine ou d’amour met toute sa puissance de mal ou de désir pendant la fabrication du Voult et y accumule sa volonté maléfique, à son insu, ce qui renforce sa puissance selon la loi Occulte curieuse qui veut que l’émission de la volonté soit d’autant plus forte et puissante qu’elle est subconsciente.

Autres usages moins connus

Bien évidement ce procédé qui consiste à créer un substitut énergétique à une personne ne s’applique pas qu’à l’envoûtement ou aux pratiques offensives. La conception d’une dagyde peut entrer en compte dans les techniques de contre-envoûtement ou de transfert holistique et je m’attellerai à expliquer prochainement les fondements du contre-envoûtement et le rôle de dérivateur que la dagyde peut endosser dans ce cas de figure.

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